Le 19 juin 1990, quelques mois seulement après sa libération, Nelson Mandela s’est arrêté à l’église Union United, dans la Petite-Bourgogne, lors d’une courte visite à Montréal. Trois décennies plus tard, la Table de concertation du Mois de l’histoire des Noirs, l’église elle-même et l’organisme MU souhaitent réaliser une œuvre murale à l’effigie du héros de la lutte anti-apartheid là même où il est passé.
Rendre hommage à Nelson Mandela dans la Petite-Bourgogne a quelque chose de « naturel », selon Michael Farkas, président du conseil d’administration du Mois de l’histoire des Noirs. L’œuvre d’art aurait valeur de symbole sur plusieurs plans, selon lui. En plus de commémorer une visite par laquelle l’ancien prisonnier politique reconnaissait le rôle du Canada dans la lutte contre l’apartheid, l’œuvre murale mettrait en lumière le rôle d’ancrage joué par l’église Union United, « qui fut le principal bastion de la communauté noire [à Montréal] pendant près d’un siècle ».
Autant pour les nouveaux que les anciens [habitants], c’est une façon de rappeler qu’on a eu ce personnage ici, dans le plus vieux quartier des Noirs de Montréal, et qu’il a fait une forte impression sur nous.
Michael Farkas, président du conseil d’administration du Mois de l’histoire des Noirs
Cette œuvre fait partie d’un projet plus vaste de la mise en valeur de la présence des Noirs à Montréal, qui se concentre d’abord dans le quartier de la Petite-Bourgogne.
L’œuvre doit être peinte sur le mur d’une annexe de l’église Union United qui donne sur la rue Atwater, à deux pas du métro Lionel-Groulx. Un endroit bien en vue et intimement lié à l’histoire que l’œuvre doit raconter. L’objectif est de la réaliser d’ici le mois d’octobre. L’idéal aurait été de pouvoir la peindre avant le 19 juin, date à laquelle Nelson Mandela est venu à Montréal, mais la pandémie a bien sûr ralenti le processus.
Recherche de fonds
La réalisation de l’œuvre murale coûtera environ 30 000 $, que Michael Farkas, MU et les autres partenaires du projet espèrent trouver auprès de partenaires publics et privés, mais aussi auprès des citoyens. Ceux-ci sont d’ailleurs invités à contacter la Table de concertation du Mois de l’histoire des Noirs ou MU s’ils souhaitent faire un don en vue de la réalisation de ce projet.
Elizabeth-Ann Doyle, directrice artistique de MU, juge que l’actualité des derniers mois — manifestations contre le racisme systémique aux États-Unis, débat sur le profilage racial et le racisme au Québec — rend ce projet d’autant plus pertinent. Que c’est une occasion de faire de l’éducation civique et de parler des droits de la personne.
L’art mural a toujours servi à ça. Pour nous, c’est une occasion de commémorer un événement historique, mais aussi d’être ancré dans le présent.
Elizabeth-Ann Doyle, directrice artistique de MU
La cofondatrice de MU trouve aussi que la figure de Mandela confère au projet un caractère « lumineux et porteur d’espoir ». Une fois élu à la tête de l’Afrique du Sud, en 1994, il a en effet mené une politique de réconciliation.
Nelson Mandela a passé 27 années de sa vie en prison. Il s’est battu contre l’apartheid, nom donné à la politique de ségrégation raciale introduite en 1948 en Afrique du Sud et qui a duré jusqu’en 1991. Brian Mulroney, premier ministre du Canada de 1984 à 1993, est considéré comme un leader de la lutte politique anti-apartheid au sein du Commonwealth. Mandela, mort en 2013, a dirigé l’Afrique du Sud de 1994 à 1999.