Le créateur des premiers ensembles de peinture à numéros est décédé lundi à l'âge de 93 ans.

Dan Robbins, dont les oeuvres ont été rejetées par la critique avant d'être célébrées au Musée national d'histoire américaine à l'Institut Smithsonian, est décédé à Sylvania, dans l'Ohio, a annoncé son fils, Larry Robbins.

L'artiste était en bonne santé jusqu'à une série de chutes au cours des derniers mois, a-t-il expliqué.

Robbins était concepteur d'emballages pour une entreprise de Detroit lorsqu'il a eu l'idée de la peinture à numéros à la fin des années 1940. Son inspiration, avait-il dit, venait de Léonard de Vinci.

« Je me suis souvenu que Leonardo avait utilisé des motifs d'arrière-plan numérotés pour ses étudiants et ses apprentis, et j'ai décidé d'essayer quelque chose de ce genre », a-t-il raconté en 2004.

Il a montré sa première tentative - une nature morte abstraite - à son patron, Max Klein, qui ne la trouvait pas très belle.

Mais l'homme a compris le potentiel du concept de son employé. Il lui a demandé de proposer des sujets qui les gens voudraient peindre. Les premières versions étaient des paysages, puis Robbins est passé aux chevaux, aux chiots et aux chatons.

« J'ai fait moi-même les 30 ou 35 premiers sujets, puis j'ai commencé à les confier à d'autres artistes », a relaté Robbins, qui s'est principalement attaché aux paysages.

Bien que les ensembles de peinture par numéros Craft Master n'ont pas été populaires dès leur apparition sur le marché, les ventes ont rapidement décollé et ont atteint 20 millions en 1955. Cependant, en quelques années, le marché a été inondé, les ventes ont chuté et Klein a vendu la société.

Robbins a aidé à créer des tranches de l'Amérique profonde qui sont encore collectionnées et qui sont encadrées dans tout le pays.

L'entreprise offre au moins deux ensembles sur le marché : l'un rappelant les attaques du 11 septembre et l'autre représentant la Cène.

« Nous aimons penser que papa était l'un des artistes les plus exposés au monde, a déclaré Larry Robbins. Il a aimé entendre les gens ordinaires. Il recevait encore du courrier d'admirateurs ».

Les critiques en sont venus à considérer les ensembles de peinture à numéros comme une métaphore d'une culture commercialisée du vite fait. Ils ont déploré que ces ensembles fussent plus populaires que des reproductions d'oeuvre d'art originale, a rappelé William Lawrence Bird, conservateur de l'exposition de 2001 au Musée national d'histoire américaine.

Certains membres du musée avaient mis en doute l'idée de célébrer cet engouement pour la peinture à numéros et son impact sur l'art, du moins jusqu'à ce que la foule se présente, a ajouté M. Bird.

« Il dirait : "Je n'ai pas pensé à ça, c'est Leonardo qui l'a fait". Cela l'amusait de voir les gens collectionner les ensembles. »