Événement du 375e anniversaire de Montréal, Possibles est un projet médiateur qui mêle artistes, lieux inusités et communauté pour susciter l'amélioration de la vie dans la cité. Première thématique: les inégalités sociales avec l'artiste de performance Guillaume Adjutor Provost.

Providence, comme dans rapport avec le miraculeux, c'est le titre du projet de performance de Guillaume Adjutor Provost, invité par la galerie Clark, à lancer les événements Possibles, de La Serre - Arts vivants, destinés à penser le Montréal de demain.

«L'enjeu, c'est la précarité, dit l'artiste qui a travaillé avec Sarah Chouinard-Poirier, Angie Chen et François Pisabia. Mais ce n'est pas un combat personnel, ce n'est pas un commentaire qu'on fait. J'essaie de ramener le discours vers l'Association des travailleurs grecs qui vient déjà en aide à des personnes placées dans une situation de précarité.»

La performance de trois heures se déroule donc dans un lieu inusité, un local culturel et syndicaliste de la communauté grecque.

«Je m'intéresse beaucoup au performatif, dit le jeune artiste, à la performance en dehors des cadres habituels. L'utilisation des lieux et l'implication des performeurs sont importantes dans mes projets. En visitant le lieu, j'ai vu qu'il y avait une imagerie très forte. Il faut prendre ces espaces-là pour faire de la recherche et essayer des choses.

«Le travail de Sarah et Angie est conséquent avec ce qu'elles ont fait dans le passé, ajoute-t-il, et avec l'oeuvre vidéo de François Pisapia. Avec l'espace aussi qui est très connoté visuellement.»

Art et communauté

Deux performeuses, quelques objets du quotidien, une vidéo.

«On travaille en conversation avec Guillaume, dit Sarah. Ce n'est pas un monologue. On prend le temps de poser des actions longues qui remettent un peu en question une façon plus productiviste d'appeler le temps.»

L'idée proposée par les artistes pour déjouer la précarité est de faire mieux avec peu, de s'organiser et se débrouiller.

«Ce n'est pas larmoyant ou pessimiste. C'est un projet qui se déroule dans l'humilité.»

Providence a aussi profité d'ateliers d'écriture réalisés avec des travailleuses et des itinérantes.

«La performance s'est nourrie de cette expérience, dit-elle. On devait travailler sur nos désirs, mais finalement ce sont des besoins qu'elles ont exprimés. C'est une idée entre ces deux notions-là. Une valse.»

Autres Possibles

Le projet Possibles offrira 12 artistes et 12 thématiques au cours des 12 prochains mois. Des créateurs - comme Caroline Monnet, Félix Antoine Boutin et Claudel Doucet - qui oeuvrent dans des domaines très différents et qui aborderont des thèmes diversifiés: diversité, justice, culture et urbanisme notamment.

«Après une consultation citoyenne, on a dégagé des enjeux et nous les avons attribués aux artistes qu'on avait choisis, raconte la codirectrice de La Serre - Arts vivants qui organise le projet, Jasmine Catudal. À la fin, on aura un manifeste qui est la responsabilité d'Emmanuelle Walter.»

«On ne demande pas aux artistes de solutionner les problèmes du monde, mais d'ouvrir la fenêtre sur des enjeux de notre ville. Le projet fait le lien entre l'art et l'engagement citoyen.»

Le projet Possibles aura des suites grâce à une subvention du Conseil des arts du Canada. La Serre - Arts vivants souhaite poursuivre l'expérience beaucoup plus longtemps et ailleurs qu'à Montréal.

«On veut être prêts pour le 400e de Montréal. On va développer un site web pour les 25 prochaines années afin de rendre accessible la méthodologie qu'on a créée. Des organismes pourront s'en servir pour créer des Possibles à l'extérieur du 375e anniversaire de Montréal. C'est une sorte de legs parce que l'art permet de modifier notre vision du monde», souhaite Vincent de Repentigny, l'autre codirecteur de La Serre - Arts vivants.