La police à Gaza a saisi un graffiti de l'artiste mondialement connu Banksy, acheté pour moins de 200 $ par un Palestinien à une famille qui s'estime aujourd'hui dupée, ont indiqué son vendeur et son acquéreur à l'AFP.

Bilal Khaled, sous le feu des critiques à Gaza pour avoir acheté à la famille Dardouneh l'oeuvre de Banksy peinte sur la porte en fer de leur maison sans leur en dévoiler la valeur réelle, a affirmé que «la police a saisi hier l'oeuvre sur ordre de la justice».

La porte, sur laquelle Banksy a peint la Grecque Niobé, fille de Tantale, terrassée par le chagrin, «sera gardée à la bibliothèque municipale de Khan Younès jusqu'à que ce que cette affaire soit réglée», a-t-il ajouté.

Rabie Dardouneh a confirmé ces informations à l'AFP et ajouté que sa famille «a déposé plainte contre Bilal Khaled pour fraude et pour réclamer à la justice de récupérer le graffiti».

«Je vais faire valoir mes droits sur ce graffiti car j'ai des documents qui prouvent que j'en suis propriétaire», a de son côté indiqué M. Khaled.

Ce graffiti de Banksy est l'un des trois réalisés lors de sa visite secrète à Gaza, ravagée par une nouvelle offensive israélienne durant l'été et où le chômage et la pauvreté sont endémiques.

Rabie Dardouneh, 33 ans, avait récemment rapporté à l'AFP avoir été approché par «un jeune qui s'est présenté comme Bilal Khaled, journaliste et photographe d'agence». «Il m'a dit que son agence avait réalisé ce graffiti sur ma porte et sur d'autres portes et qu'elle voulait désormais les récupérer. Il m'a donné 700 shekels (180 $) et il a emporté la porte».

C'est plus tard, a-t-il dit, qu'il s'est senti «dupé» après avoir cédé sa porte pour si peu alors que certains collectionneurs ont déjà payé plus d'un million de dollars aux enchères pour s'offrir un graffiti de Banksy.

L'artiste, rendu célèbre par ses peintures anonymes au pochoir dans l'espace public, avait mis en scène son travail à Gaza dans une vidéo diffusée fin février sur son site, ironisant sur «une nouvelle destination à découvrir»: Gaza où «les habitants se plaisent tellement qu'ils ne partent jamais», référence sarcastique au drastique blocus israélien.

Parmi les autres oeuvres laissées par le graffeur figurent un mirador dont les enfants se servent comme carrousel pour se balancer, ou un chaton géant peint sur un pan de mur au pied duquel un entremêlement de tiges métalliques devient une balle divertissant l'animal.