La galerie Simon Blais et les centres Occurrence et Vox se sont associés pour une triple exposition en forme d'hommage à l'artiste Irene F. Whittome, Québécoise d'origine vancouveroise, dont les oeuvres d'hier éblouissent d'une belle et grande modernité.

Depuis trois ans, la directrice de Vox, Marie-Josée Jean, François Babineau, directeur chez Simon Blais et Lili Michaud, directrice d'Occurrence ont planché pour réaliser cet événement Irene F. Whittome en trois chapitres qui ravivent quelques-uns des actes forts de cette artiste contemporaine depuis les 50 ans dernières années.

Il faut se confronter chez Occurrence à son Bestiaire pour réaliser combien les premières oeuvres d'Irene F. Whittome, en 1963, sont actuelles. Influencée par Jack Leonard Shadbolt et d'autres peintres de l'époque, elle avait eu, à 21 ans, cette phase de créatures mi-humaines mi-animales qui semblent émerger d'un film de science-fiction.

Ces toiles jamais exposées depuis 50 ans montrent une grande minutie dans le choix des pigments et dans la recherche d'effets de relief. La texturation de la peinture leur confère un caractère mi-figuratif mi-abstrait. On y sent une souffrance, surtout dans le triptyque Insectes apocalyptiques où crânes et mains des bêtes expriment une douleur.

Irene F. Whittome dit que c'était l'expression de son énergie d'alors. «Les gens me disent que j'étais une virtuose et que j'aurais pu faire carrière comme peintre, dit-elle. Mais on ne choisit pas. On est comme un contenu qui reçoit et je réponds toujours à l'énergie qui me traverse.»

Du coup, de la peinture, elle est passée à autre chose. On a envie de dire «dommage». Elle a découvert la France et la gravure, puis est revenue enseigner à Montréal. S'engouffrant corps et âme dans le domaine de l'installation et du minimalisme l'a alors menée à l'esprit de Room 901 qu'on réactive à la galerie Simon Blais et chez Vox.

Room 901, c'est l'expression de son art spatial, relié à son environnement immédiat. «À l'époque, j'avais suivi mon instinct et ce fut une véritable éclosion vers autre chose, dit-elle. Le papier était un support, notamment le papier photographique. La toile disparaissait pour être remplacée par le bois et les objets mêmes.»

Chez Simon Blais, on retrouve avec Aftermath un peu de Room 901 et des pièces d'Encaustics présentées chez Yajima en 1980. En tout 15 photos, neuf boîtiers et six sculptures dont ses Passeur d'océan I et II, de grandes planches verticales encaustiquées (pigments + cire + essence), des oeuvres reliées à son travail dans l'atelier de la rue Saint-Alexandre, d'octobre 1980 à juillet 1982.

Ses interventions jouaient alors sur la lumière naturelle et l'interaction de celle-ci avec des formes géométriques qu'elle peignait sur un mur ou avec un tapis qu'elle avait recouvert de pigments et dont elle changeait la position. Par la suite, elle fixait chaque installation avec son appareil photo ou sa caméra. Un catalogue vient d'être publié aux Éditions du Passage qui rend compte en détail du projet Room 901.

Chez Vox, on retrouve des photos de Room 901 et de son travail de reconstitution Work at School/Classroom 208, exposé sous le titre La salle de classe, en 1980, au MBAM.

Il est intéressant de la voir présentée chez Vox en même temps que l'artiste franco-américaine Babette Mangolte. Même génération. Même esprit artistique. Mais Mangolte a fait carrière à New York en performance tandis que Whittome a choisi «le silence»... et Montréal.

«Je suis née à Vancouver, j'ai étudié en France mais toute ma vie a pris son sens à Montréal, dit Irene F. Whittome, qui vit à Ogden, en Estrie. Montréal est pour moi là où ça bouge tout le temps. On y est toujours en mouvement car il y a ici une remise en question permanente.»

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Trois expositions sur le travail d'Irene F. Whittome:

Aftermath à la Galerie Simon Blais jusqu'au 23 février

Bestiaire
chez Occurrence jusqu'au 2 mars

Room 901
au centre Vox jusqu'au 9 mars.