Jusqu'à la fin du mois, le centre Excentris transforme son hall en galerie d'exposition consacrée à l'oeuvre récente de l'illustrateur Pierre Hébert, à qui le Conseil des arts et des lettres du Québec a décerné sa bourse de carrière en cinéma.

«Il faut compter 20 ans de carrière avant de pouvoir poser sa candidature pour la bourse, note Pierre Hébert. J'ai attendu 50 ans avant de le faire.»

Après 50 fructueuses années, d'aucuns en seraient à l'heure des bilans. Pierre Hébert, lui, utilisera sa bourse pour financer la suite de sa série de films Lieux et monuments, des courts métrages qui «ont un lien avec une argumentation sociale, politique, historique».

Après avoir mis au point sa technique d'animation de gravure sur pellicule, Pierre Hébert a introduit la notion d'engagement politique et social dès 1974 avec Père Noël, père Noël.

Aujourd'hui, avec Lieux et monuments, «l'idée est de dresser une sorte de carte du monde» en abordant des problématiques propres à ces endroits «sans que le projet soit strictement politique ou didactique». Paris, Amsterdam, Rome et Vienne sont déjà dans son itinéraire.

La technique que Pierre Hébert privilégie ces jours-ci, hormis le pastel sur papier de la série Tropismes exposée, c'est le dessin en direct apposé sur des images vidéo.

«J'ai décidé de faire de la performance en direct parce que j'étais déçu de la façon dont mes films étaient distribués. Je cherchais un moyen de rendre mon travail plus intéressant.» Le procédé, «l'intensité énergétique et l'urgence du moment» ont vite emballé l'artiste, qui ne cache pas son plaisir à performer devant public, en collaboration avec des amis musiciens.  

Mélomane, Hébert a collaboré avec Fred Frith, Bob Ostertag, René Lussier, Jean Derome et beaucoup d'autres. Le 7 juin, il se produira avec la clarinettiste Lori Freedman dans le cadre du festival Suoni Per il Popolo.

«Je suis un musicien frustré!» lance Pierre Hébert. «J'aurais aimé avoir du talent pour la musique. Quand j'ai commencé à travailler avec Frith, Lussier, Derome et les autres, mes velléités de faire de la musique se sont effondrées. »

Pierre Hébert, 50 ans de métier et toujours insatiable.