On n'avait pas vu BGL à Montréal depuis plus d'un an. Le trio d'artistes de Québec expose le produit de ses dernières réflexions à la Parisian Laundry jusqu'au 25 février. Intitulée Concessionnaire, l'exposition marque l'incursion du collectif dans les petits formats, plus adaptés au marché.

Plus on est de fous, plus on crée. La formule s'applique au collectif d'artistes BGL formé de Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière. De la folie, ils n'en manquent pas. C'est d'ailleurs leur meilleur carburant. Adeptes des installations non conventionnelles et des concepts flyés, les trois artistes de la Vieille Capitale n'ont toutefois pas apporté d'oeuvres fortes ou spectaculaires.

Pas de 4 x 4 qui perd son essence, d'automobile en bois, de marché aux puces, de sapins, de fausse piscine ou autres constructions alambiquées. Pour l'art massif et marquant, il faudra sans doute attendre le mois de mai quand BGL participera à l'événement Oh Canada du MASS MoCA, à North Adams, au Massachusetts. Une soixantaine d'artistes canadiens y seront, dont Nicolas Baier, Valérie Blass, Shary Boyle ou Kent Monkman.

BGL expose d'ailleurs à la Parisian Laundry des barrières de sécurité accompagnées de drapeaux colorés, qu'on pourrait retrouver au MASS MoCA.

Vinyle collé et peint sur PVC

L'exposition Concessionnaire paraît plus sage que les précédentes. Quoique tout dépend de nos conceptions de la sagesse...

Les artistes ont en tout cas laissé «en concession» à la Parisian Laundry des oeuvres de 2010 et de 2011 qui sont aussi le reflet de «concessions» faites par rapport au marché de l'art.

«On fait souvent des installations très grosses, pas faciles à vendre, explique Jasmin Bilodeau. On a donc essayé de créer des petites pièces.»

La salle contient une série de toiles faites de vinyle posé sur des panneaux de PVC. Le vinyle a été collé, puis peint au latex. Les artistes ont ensuite soulevé le vinyle avec une lame pour créer un effet de dessiccation, comme la boue séchant dans les étendues désertiques.

Ces toiles ont servi d'essais pour réaliser Au service de l'impact (Hommage à Paul-Émile), une oeuvre de 127'' x 168'' qui leur a été inspirée par l'impact d'un coup de poing dans le mur d'un hangar.

«Avec le temps, ça s'est craqué partout autour du coup de poing, alors on a pris des photos de l'impact. Paul-Émile, c'est à cause de Borduas! Car quand tu le regardes, tu te dis, c'est tellement ça, là!», dit Jasmin Bilodeau en riant.

BGL garde toujours l'humour très présent dans sa démarche. Avec le hasard et le goût d'oser. Comme avec Bûcher, composé de plaques verticales de plexiglas rouge, orange et rose. Ou Chronos, fait d'un petit oiseau empaillé cerné par une montre, ou Prédateur (une sculpture en bois d'un loup dont le museau retient une culotte) ou Les pieds gauches, deux bottes de caoutchouc trouvées dans un bois et qu'ils ont restaurées et fixées à une planche.

«Il y a une sorte d'émotion dans ces bottes, dit Jasmin. Comme si c'était en train de pourrir sur place. Comme le labeur de cet homme qui a laissé ses bottes. Il y a une beauté.»

Pour la beauté, c'est à voir... Par contre, L'enfant-soldat canonisé, constitué d'un béret militaire kaki, d'une tête de poupon et de poils de barbe, évoque assez bien ces enfants qui, arme en bandoulière, jouent réellement à la guerre.

Finalement, présentée dans une composition différente à New York en mars dernier, l'oeuvre Elles battent des queues en surprendra plus d'un. Il s'agit de photos de femmes aux seins nus publiées dans Playboy et collées dans un cadre.

Avec les queues de poisson qui prolongent leurs corps, elles ont l'air de sirènes qui bougent grâce à un système de ventilation placé devant le cadre. La même thématique a été utilisée avec un cadre fermé par un panneau de plexiglas. Si on passe tout près de ce cadre avec ses vêtements, l'électricité statique fait bouger les queues...

«Ce sont des sirènes inspirantes! dit Jasmin Bilodeau. En plus, c'est beau et coloré. Notre travail est très intuitif. On ne se casse pas la tête pendant des heures! On essaie des choses.»

Concessionnaire, de BGL, jusqu'au 25 février, à la galerie Parisian Laundry (3550, rue Saint-Antoine Ouest).