Musée d'art contemporain de Montréal, 23 avril, 1 h du matin. Sur la scène centrale du gala-bénéfice Avant-Garde, conçu par François Martin du Cirque du Soleil, un «ti-cul» fait valser sa lentille au nez des danseurs. Flash. Flash. Flash. Qui est cet ado haut comme trois pommes? Charles William Pelletier, 17 ans.

Déjà coutumier du showbiz, du sport et des soirées, Charles William Pelletier a un appareil photo dans les mains depuis l'âge de 7 ans. Un petit Mozart de l'image? Certainement, répond Yves Goulet, consultant lié au Canadien de Montréal et à Evenko, producteur de spectacles qui a succédé à Gillett.

Yves Goulet ne tarit pas d'éloges sur le jeune photographe: «Il a un talent exceptionnel. Je l'ai poussé (à travailler) avec les Alouettes, à la boxe, un peu partout, car c'est un petit génie. Il a l'oeil. Il a fait des photos incroyables de Simple Plan dans les airs. C'est un champion des petits moments spéciaux. Et mon copain Daniel Lamarre est très heureux des services qu'il lui rend au Cirque du Soleil...»

«La chose qui m'impressionne le plus chez Charles, c'est son professionalisme et sa confiance malgré son jeune âge, ajoute Pierre Bouvier, le chanteur de Simple Plan. Il sait vraiment comment rendre les gens à l'aise, ce qui est tellement important dans son métier. En tant que personnage public, on n'a pas toujours envie de se faire photographier mais quand Charles est derrière la caméra, c'est toujours un plaisir. Il a une superbe énergie positive.»

En entrevue, Charles W. Pelletier présente un mélange de jeunesse et de maturité. Il n'a ni l'arrogance d'un nerd ni la prétention d'un surdoué. Mais il affiche la conviction de celui qui sait où il va.

Charles W. a un père photographe qui a travaillé pour la troupe de Guy Laliberté. Il a commencé à faire de la photo avec papa et, il y a deux ans, il l'a accompagné à Las Vegas pour une séance de photographie du spectacle de Criss Angel et du Cirque du Soleil. «On était seulement trois photographes et je me demandais si j'aurais la force de bien faire, dit Charles. Je «capotais». Finalement, mes photos sont bien sorties. J'ai même eu une photo que mon père n'a pas réussi à avoir. Il était quasiment jaloux!»

Ce jour-là, un homme l'a apostrophé. «Il m'a demandé pour qui je travaillais. Quand je lui ai répondu, il m'a dit «pretty cool» puis «Do you know who I am? Anyway, you'll find out.» Il m'a donné la main et j'ai voulu serrer son autre main, mais il m'a dit: «Pas celle-là, c'est celle de la guitare.» Plus tard, j'ai su que c'était Keith Richards des Rolling Stones!»

Toucher les gens

Muni de son appareil Nikon D700, Charles a pris depuis des photos de hockey au Centre Bell, puis il a croqué les Alouettes, les Carabins, la Formule Un, le Red Bull Crashed Ice à Québec et de la boxe. Sur son site internet, il a de belles photos du dernier combat de Lucian Bute.

«Il fait de très belles choses, estime Richard Legendre, vice-président exécutif de l'Impact de Montréal. Et son enthousiasme m'a frappé. Il a du chien. C'est intéressant de voir des jeunes comme ça qui foncent.»

Charles William Pelletier travaille aussi pour le webzine 33Mag. «On en voit passer des gars qui prennent des photos, mais lui m'a vraiment impressionné, dit Laurent K. Blais, rédacteur en chef de 33Mag. Le sport, c'est difficile à traiter, mais il est très talentueux. Il a le look et le talent pour ce job. Je sais que je peux l'envoyer sur n'importe quelle assignation.»

Charles William reconnaît être débrouillard. Puisqu'il est mineur, il doit faire preuve d'ingéniosité pour travailler. «Il faut savoir prendre sa place, dit-il. Parfois, les gens sont tellement surpris en voyant mes photos qu'ils doutent que c'est moi qui les ai prises! Ça me fait plaisir: je me dis que je suis capable.»

Mis à part son père, qui lui a appris l'effort et qui le soutient en tout temps, Charles William a plusieurs mentors, notamment le photographe américain d'origine suisse Robert Franck. Et puis il y a son «entraîneur», le photographe de La Presse Martin Chamberland, pour qui il a énormément de respect. Sans compter Ivanoh Demers (pour ses photos en Haïti) et Bernard Brault, pour ses photos de sport.

Charles William aura 18 ans en septembre. Tout en faisant des contrats ici et là, il poursuit des études en arts plastiques au cégep du Vieux-Montréal. Pas question pour lui de quitter l'école. Il veut aller à l'université ou au collège Marsan.

«Je veux aussi suivre les tendances et faire de la vidéo, dit-il. Mon rêve ultime, c'est de faire du photojournalisme. À La Presse, au New York Times, n'importe où. La presse, ça m'intéresse, car tu ne fais jamais la même chose. Et puis, je veux toucher les gens, je veux aller chercher l'émotion.»

Pour en savoir plus

Le site web de Charles W. Pelletier: www.charleswilliamphotography.wordpress.com