Mais où est le vrai Marc Séguin parmi tous ces «autoportraits» ? Voilà la première question que l'on se pose devant la dizaine de tableaux exposés à la galerie Simon Blais. Ça ne peut pas être celui-là, il est trop vieux. Ni cet autre qui ressemble, en fait, à Francis Bacon. Mais où est-il donc?

La question perd rapidement sa pertinence quand on reconnaît, ensuite, la reproduction d'une photo célèbre de Jackson Pollock, ou encore le blouson de cuir d'Andy Warhol. Après nous avoir mis sur une fausse piste par le titre «autoportrait» sous chaque tableau, Marc Séguin déconcerte le visiteur par la facture des toiles. On croit avoir affaire à des photos en noir et blanc agrandies et imprimées directement sur la toile. Il s'agit en vérité de dessins faits au fusain qui portent des marques faites à la peinture. Des taches, surtout sur les visages, qui troublent l'identité des personnages, mais en même temps la renforcent. Par exemple, la tête de Pollock est remplacée par un panache aussi éclaté que la peinture de l'artiste mythique. Chez certains, le crâne ou d'autres parties du squelette sont dessinés au crayon. Ces «autoportraits» sont ceux d'artistes qui comptent pour Marc Séguin.

 

La série de tableaux intitulée Généalogie est accompagnée par une autre série, de dessins cette fois, à première vue maladroits et naïfs. Ce sont des scènes de la rébellion des Patriotes, mais uniquement des épisodes tragiques de cette révolte canadienne et/ou québécoise de 1837. On trouve dans chaque dessin le tracé d'un bonnet phrygien, symbole de la Révolution française (1789), mais aussi des taches rouge sang, entre autres. On apprend alors de la galeriste que le papier utilisé par Marc Séguin a été fabriqué pendant la Révolution française, un papier rare bien sûr, et qu'il porte en filigrane la marque du fameux bonnet.

Marc Séguin, surtout connu pour sa peinture, attache une grande importance au dessin comme on peut le voir aussi à la galerie Plein sud, à Longueuil, où Séguin a été pour la première fois exposé en 1996. On a rassemblé là un ensemble de grands dessins intitulé Serial Killers, réalisé en 2005, qui compte 25 dessins représentant des meurtriers célèbres, pas nécessairement des meurtriers en série. Encore là, le dessin est fragile, parfois à peine visible, et rehaussé par des interventions plus accentuées, au crayon rouge comme le sang.

Cruellement drôle

La deuxième exposition à la galerie Simon Blais est consacrée à Graeme Patterson, un artiste de Saskatoon vivant aujourd'hui à Halifax, un artiste cruellement drôle. Il présente un ensemble de figurines d'animaux fabriqués avec adresse à partir de différents matériaux, au centre desquels trône une figurine articulée de chasseur. Autour de ces figurines installées au bout de piquets, il y a une série de photographies qui les met en scène. Le loup contre le mouton, par exemple, l'homme contre l'ours, et ainsi de suite jusqu'à ce que le chasseur se fasse manger par tous les animaux réunis.

À la galerie Push

Push est une jeune galerie installée depuis un an à deux ou trois portes de la galerie Simon Blais. Une grande vitrine donne sur la rue et devant les tableaux qu'on peut voir depuis le trottoir, il est impossible de ne pas entrer dans la galerie. Y sont exposés quelques grands tableaux de Wil Murray qui font penser à du Frank Stella (artiste abstrait américain) en trois dimensions. Les motifs abstraits de la peinture ont tous été faits à part, un par un, et découpés dans différents matériaux. C'est complètement maniaque! Le titre de l'exposition: We Pet your Cat to Death?.

Une galerie et un artiste à découvrir.

Marc Séguin, Généalogie et rébellion, et Graeme Patterson, Taming the Wild, jusqu'au 3 octobre à la galerie Simon Blais, 5420, boul. Saint-Laurent. Ouvert du mardi au vendredi, de 10h à 18h; le samedi, de 10h à 17h. Entrée libre.

Marc Séguin, Serial Killers, galerie Plein sud, 150, rue de Gentilly Est, Collège Édouard-Montpetit, Longueuil, jusqu'au 25 octobre. Ouvert du mardi au vendredi, de 11h à 16h; le mercredi soir, de 18h30 à 21h; samedi et dimanche, de midi à 16h. Entrée libre.

Wil Murray, We Pet your Cat to Death?, à la galerie Push, 5264, boul. Saint-Laurent, jusqu'au 11 octobre. Ouvert du mardi au vendredi, de 11h à 18h; samedi et dimanche, de 12h à 17h. Entrée libre.