(Montréal) Le secteur de la programmation de spectacles et de l’organisation de festivals est nerveux tandis que le fédéral s’apprête à réduire ses dépenses. Un regroupement d’une trentaine d’associations canadiennes demande plutôt une bonification des programmes d’aide.

Lors d’une sortie commune à Montréal, mercredi, le regroupement plaide en faveur « d’un rattrapage historique » de l’enveloppe consacrée à deux programmes : Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine (DCAP) et le Fonds du Canada (FCPA).

Le président-directeur général du Regroupement des évènements majeurs internationaux (RÉMI), Martin Roy, reconnaît que le plaidoyer survient dans un contexte défavorable au moment où Ottawa veut réduire ses dépenses. Le Conseil du Trésor a donné jusqu’au 2 octobre aux ministères fédéraux pour identifier des moyens d’économiser 15 milliards.

« On comprend bien que le contexte ne nous est pas très favorable, d’où l’importance, justement, de notre mobilisation », répond en entrevue celui qui dirige également Festivals et évènements majeurs (FAME).

Les associations culturelles déplorent que les sommes octroyées aux deux programmes n’aient pas suivi l’inflation. L’augmentation du nombre de bénéficiaires fait également en sorte que l’enveloppe est répartie sur un plus grand nombre d’organisations.

« Au milieu des années 2010 », une organisation touchait en moyenne une subvention de 110 000 $. Cette somme est passée à 61 700 $, note M. Roy. En tenant compte de l’inflation, 110 000 $ en 2015 vaudraient environ 137 000 $ aujourd’hui, selon un outil de calcul de la Banque du Canada.

Individuellement, les organisations obtiennent une moins grande aide, mais leurs coûts d’exploitation suivent la trajectoire inverse.

M. Roy cite un sondage effectué en 2022 auprès des organisateurs de festival pour mesurer la hausse de leurs coûts d’exploitation pour tenir un évènement de taille comparable. Ceux-ci ont rapporté une augmentation de leurs coûts de l’ordre de 25 % par rapport à leur état de compte de 2019, soit avant la pandémie. « On le voit tous, quand on va à l’épicerie ou ailleurs. C’est la même chose dans le cas des festivals, tous les fournisseurs des festivals coûtent plus cher. »

Les organisations reçoivent toutefois moins d’argent individuellement en raison de l’augmentation de 12 % du nombre de bénéficiaires des deux programmes, qui soutiennent 1500 associations. Ne devrait-on pas resserrer les critères d’admissibilité ?

M. Roy reconnaît que la question se pose, mais il estime « qu’on devrait se réjouir » de la hausse du nombre d’organisations dans l’industrie. « Ça prouve quand même la vitalité culturelle, le dynamisme du secteur culturel et aussi la multiplication par voie de conséquence des retombées sociales, culturelles, économiques et touristiques. Donc, le gouvernement fédéral devrait soutenir cette croissance-là et investir davantage plutôt que d’aller vers des réductions, des subventions. Il me semble que ça va de soi. »

Le gouvernement Trudeau a débloqué en 2019 des fonds supplémentaires pour le FCPA et DCAP, mais ceux-ci sont alloués sur une base temporaire et doivent être renouvelés. Les associations déplorent l’incertitude quant à leur financement à long terme.

En plus de pérenniser cette aide temporaire, elles demandent une hausse du financement de 30 millions. M. Roy croit que cette bonification s’inscrirait en ligne avec la décision du gouvernement Trudeau d’augmenter le financement de Radio-Canada/CBC et du Conseil des arts du Canada lors de son arrivée au pouvoir en 2015. Il juge que les libéraux ont « oublié » le financement des arts vivants et des festivals.

« Ça peut paraître assez banal ou commun que des groupes dans le secteur culturel sortent pour demander plus d’argent, mais dans notre cas, je vous assure que ça fait quand même plusieurs années qu’on travaille le dossier en coulisse », raconte-t-il.