L'autre soir, j'étais dans mon auto. Je conduisais pour me rendre à un spectacle que je donnais et la radio entonnait la musique de Cinéma Paradiso. Souvenez-vous de ce film fabuleux qui raconte les flash-backs d'un réalisateur qui voit défiler toute sa vie et son amour du cinéma à la mort de son grand ami Alfredo. (Il faut lire le nom d'Alfredo comme on le crierait d'en haut de la tour de Sienne, merci.)

J'écoutais et je me remémorais toutes les scènes et je revoyais ce comédien, jeune, beau, brun, fringant, et l'espace d'un instant, je me suis revue à 16 ans trouvant que cet acteur était beau. Soupir. Sillonnant les rues de Rosemont, je me suis perdue dans mes pensées printanières, revisitant ce sentiment d'époque, cette époque où on trouvait que les garçons étaient beaux.

Avant d'être adulte. Avant d'avoir éclos. Ce sentiment de ne pas savoir si, un jour, on attraperait un de ces monarques. Quand tout était encore un rêve. Que l'on se projetait dans l'avenir, que les garçons étaient des posters dans notre chambre. Que l'on faisait des mondes imaginaires à partir des acteurs, parce que ça faisait moins peur de vivre dans un monde vaporeux que dans la froideur d'une école secondaire. Les garçons, ces songes inatteignables.

Fast-forward dans le temps, j'ai la trentaine avancée et je trouve que Mark Ruffalo est beau. Il a 50 ans. Si on m'avait dit un jour que mon ovulation me ferait marquer un temps d'arrêt sur les hommes de 50 ans... eh ben, j'en aurais été ravie.

Mon Dieu que l'on vit le culte de la jeunesse parce que tout le monde a peur de mourir. Ça semble effectivement moins le fun que de vivre, mais heureusement que le désir et la volupté continuent de nous suivre toute la vie.

Je parlais avec un vieil ami l'autre fois (vieil ami dans le sens qu'il a 80 ans et que je le connais depuis presque toute ma vie), mon Alfredo à moi, et il me disait qu'il trouvait que les rides des femmes sont charnelles. Qu'il trouve ça séduisant. Et à aucun moment il n'essayait de me le vendre comme Dove voudrait nous dire : « Hey, les filles, mon Dieu que votre cellulite, ça fait beau ! »

Non, mon vieil ami voyait la poésie sensuelle dans la peau de sa femme comme il la voit dans l'écorce des arbres. Et je trouvais ça magnifique.

La vie s'améliore avec le temps si tu oses la suivre. Et rien ne vaut la sensation de devenir du cuir. De sentir que ton corps se renforce, non pas parce que tu passes trop de temps au Éconofitness, mais parce que tu avances. Parce que tu prends les obstacles un à un, head on, tu te lèves, tu mets tes baskets et tu dis : « À nous deux ! »

Et quand tu danses avec la vie, la vie danse avec toi. Et à un moment donné, tu deviens bon à danser.

La vie est une danse à qui sait la voir, encore faut-il oser mettre ses souliers.

Et aller vers le plus délicieux des partenaires.