La Ville de Montréal vient de doubler le prix du contrat initial du consortium SM/Génivar qui travaille sur le chantier du Quartier des spectacles (QdS) sur les phases 2, 3 et 4. Après avoir gagné l'appel d'offres en 2008 avec une soumission de 2,75 millions, le consortium vient de se voir accorder 2,69 millions supplémentaires «compte tenu de la complexité du chantier».

L'organisme Quartier international de Montréal (QIM), gestionnaire du projet d'aménagement du QdS, l'a recommandé à la Ville, qui a accepté cette rallonge financière après vérification du contentieux. QIM avait informé la Ville que dès avril dernier, 99% des sommes prévues au contrat avaient été épuisées par les ingénieurs alors que les travaux n'étaient pas terminés.

 

Les raisons avancées sont de trois ordres. Le consortium a plaidé que le niveau de complexité du chantier «était plus élevé qu'anticipé», ce qui a entraîné des frais d'ingénierie supplémentaires. Deuxièmement, les concepts d'aménagement ont intégré beaucoup d'innovations «qui ont requis un travail particulier des ingénieurs», donc plus d'heures travaillées que prévu. Finalement, «la présence» sur le chantier d'organisateurs de festivals, de la STM, de la Commission des services électriques, etc. a conduit le consortium à modifier ses plans à plusieurs reprises et à changer son calendrier.

Si on avait fermé complètement le chantier, la Ville aurait économisé 1,15 million. «On peut le voir comme ça, dit Martin Maillet, chef de projet au Bureau des grands projets de la Ville de Montréal. Mais alors, on n'aurait peut-être pas eu de Festival de jazz l'an passé.»

QIM estime que le doublement du prix du contrat ne correspond pas à «un dépassement de coûts». «L'ensemble de la hausse des honoraires professionnels est lié à la surveillance» du chantier, lit-on dans un document officiel de la Ville de Montréal. Pourquoi la Ville assume-t-elle le surcroît de travail et donc de surveillance du chantier? Le fait-elle parce qu'elle estime être responsable d'avoir mal fait ses calculs? Martin Maillet dit que non.

«Au début de chaque projet, on évalue une banque d'heures et au fur et à mesure de la réalisation, on investit davantage pour assurer la qualité de la surveillance du projet», dit-il. Il ajoute que quand le contrat a été accordé, le projet n'était pas totalement conçu, par exemple les immenses lampadaires d'une hauteur de 7 étages n'avaient pas encore été retenus.

Mis à part le versement de 2,69 millions supplémentaires à SM/Génivar, la Ville a modifié le contrat du consortium pour qu'il travaille d'abord sur le réaménagement de la rue Jeanne-Mance, entre René-Lévesque et Sainte-Catherine Ouest (phase 1C) plutôt que sur l'esplanade Clark (phase 4).

La raison en est que la Ville a changé ses plans pour l'esplanade située au coin des rues Clark et Sainte-Catherine. Après avoir envisagé d'y créer un espace gazonné, elle étudie la possibilité d'y installer une patinoire extérieure et un pavillon pour animer les lieux toute l'année. Elle ne fera pas de stationnement sous l'esplanade, mais si un promoteur privé veut en construire un, il sera bienvenu.

Peut-on s'attendre à d'autres réclamations du consortium? «Théoriquement, ce n'est pas impossible, dit Martin Maillet, mais la très grande majorité des éléments complexes est maintenant passée.» Initialement de 120 millions puis de 147 millions, le projet d'aménagement du QdS est actuellement estimé à 154 millions par le Bureau de gestion des projets. Il recommande à l'administration Tremblay de «réajuster le budget» en conséquence... d'autant plus que la somme devrait augmenter encore car «plusieurs occasions de bonifier le projet sont présentement à l'étude».

«Quand on ajoute des volets au contrat, c'est pour bonifier le projet, par exemple les lampadaires, ce n'était pas dans le devis», a dit, hier, à La Presse la conseillère responsable de la culture à la Ville de Montréal, Helen Fotopulos.