Le budget de la Ville de Montréal, déposé la semaine dernière par le maire Gérald Tremblay, prévoit une augmentation de 3,8% des budgets des activités culturelles qui passent à 130 millions. L'augmentation réelle est de 2,8% si l'on tient compte de l'inflation de 1% qu'a connue l'économie canadienne en 2009.

Par ailleurs, il faut noter qu'il ne s'agit pas d'argent neuf. Cette augmentation, lit-on dans le résumé des mesures budgétaires, «découle principalement des réorganisations structurelles ou des réaffectations mises en oeuvre par les arrondissements afin de favoriser l'efficience et l'efficacité des ressources affectées au maintien ou à l'amélioration des services aux citoyens».

 

Parmi les postes importants, notons d'abord les 33,4 millions (sur trois ans) destinés au parachèvement du Quartier des spectacles. «Le plan est mis en action comme il était prévu», nous dit Pierre Fortin, le directeur général du Partenariat du Quartier des spectacles qui verra la construction de ses parterres, le petit et le grand, complétés au cours de 2010 dans le secteur Clark/Président Kennedy.

Le Conseil des arts de Montréal, lui, voit son budget passer à 10,95 millions, après une augmentation totale de 4,8% qui, déclarait dans un communiqué la présidente Louise Roy, «permettra au Conseil d'encourager davantage la création artistique dans la Métropole».

Simon Brault, le président du regroupement Culture Montréal - et directeur général de l'École nationale de théâtre -, a une «réaction très modérée» devant cette augmentation. Tout en se réjouissant du maintien des acquis, déjà «formidable» considérant l'état de l'économie et des finances publiques, M. Brault ne voit pas de «vision à plus long terme qui nous permettrait d'être à la hauteur de nos prétentions de métropole culturelle».

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain, de son côté, considère comme un «pari risqué» cette «augmentation significative du fardeau fiscal des entreprises et des contribuables à un moment où l'économie de Montréal demeure très fragile».

Vendredi, le président de la CCMM, Michel Leblanc, nous expliquait que le temps ne se prêtait pas aux grandes augmentations de dépenses. Pas plus dans la culture qu'ailleurs: «Les entreprises, surtout les petites entreprises sur l'île de Montréal, sont fragiles et prudentes.» Et si elles augmentent leurs dépenses, ça risque de ne pas être en culture.

En novembre, une étude de la CCMM indiquait que les 300 organismes culturels soutenus pas le Conseil des arts de Montréal étaient financés à 21% par le secteur privé; l'apport du privé va de 38% dans les festivals et 25% dans la musique et les arts visuels, à 10% ou moins dans la danse et la littérature.

Les grandes entreprises, croit M. Leblanc, vont maintenir leur niveau actuel d'engagement dans la culture, mais les plus petites, celles qui contribuent déjà le moins, ne risquent pas de changer de créneau à court terme.