La vague de compressions fédérales en culture se poursuit. C'est maintenant au tour de deux institutions québécoises, l'Institut national de l'image et du son (INIS) et la Société des arts technologiques (SAT) d'écoper lourdement.

Après PromArt, le gouvernement conservateur abolit deux autres programmes: le Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo (PNFSFV) et le Fonds des réseaux de recherche sur les nouveaux médias (FRRNM). Ils disparaîtront tous deux le 31 mars prochain.

L'INIS perdra ainsi plus de 900 000 $ par année. C'est presque le quart de son budget. «Je ne veux pas paraître alarmiste. Mais c'est clair qu'il s'agit d'un trou important», admet Jean Hamel, directeur des communications et du marketing de l'INIS. Le reste du budget provient de subventions de Québec (environ 25 %) et de contributions privées (environ 50 %).

Quant à la SAT, elle perd accès à une source de financement importante mais non récurrente. Le FRRNM tenait chaque année des concours. Grâce à ses bonnes performances, la SAT a touché entre 400 000 $ et 900 000 $ au cours de chacune des six dernières années.

L'INIS déplore autant la coupe des conservateurs que leur façon de l'annoncer. «On nous a appelés vendredi dernier pour dire simplement que le programme n'était pas reconduit, raconte-t-il. Rien de plus. Un autre programme prendra-t-il le relais? Les fonctionnaires responsables du dossier n'étaient pas joignables. Personne ne peut nous informer», déplore Jean Hamel.

Établi en 1997, le PNFSFV est un programme financé par Patrimoine Canada et géré par Téléfilm Canada. En plus de l'INIS, il verse de l'argent à trois autres centres canadiens à but non lucratif qui forment la relève du cinéma et de la télévision.

Consultation bidon?

L'hiver dernier, le gouvernement conservateur a lancé une évaluation du Programme. Les conclusions sont tombées à la fin juin. L'évaluation relève plusieurs commentaires positifs de gens du milieu. «Cependant, si l'on en juge par l'information disponible, les responsables du Programme n'ont pas réussi à énoncer clairement (la) nécessité d'une intervention du gouvernement fédéral», conclut le rapport d'évaluation.

On y lit que «les constatations de l'évaluation ne permettent pas d'établir de façon probante qu'il existe un lien direct entre le Programme, un énoncé clair et bien documenté des besoins de l'industrie en matière de formation, et les programmes de formation offerts».

Ce lien causal est méthodologiquement presque improuvable, estiment des intervenants du milieu sous le couvert de l'anonymat. Ils soupçonnent donc le gouvernement d'avoir commandé l'étude pour justifier l'abolition du programme.

La direction de l'INIS tiendra bientôt une réunion avant de demander à rencontrer Josée Verner, ministre du Patrimoine canadien.

Hier après-midi, personne à Patrimoine Canada n'était en mesure de répondre à nos questions.

La SAT devra chercher ailleurs

René Barsalo, directeur en recherche et technologie à la SAT, dénonce le manque de vision du gouvernement. «Nous ne sommes pas une université, nous n'avons pas accès aux autres fonds de recherche. Le FNNRM était le seul qui nous aidait pour la recherche et le développement de la culture sur l'internet. Et selon nos contacts avec les fonctionnaires, rien ne le remplacera.»

Par exemple, la SAT dirigeait Propulsart, un réseau de recherche qui vise à développer une suite de logiciels pour relier les salles de spectacles de la planète. «Partout où je présente le projet, on me dit que c'est une idée géniale. Mais pour que le projet se poursuive, on devra maintenant chercher du financement avec d'autres pays. Et on devra expliquer que notre pays trouve que ce n'est pas intéressant.»