(Wilmington) Lors de l’élection présidentielle de 2020, le réseau Fox News a donné aux alliés de l’ancien président Donald Trump une plateforme pour défendre les fausses allégations de fraude électorale. Pourtant, les animateurs, entre eux, exprimaient des doutes et se moquaient même de leurs porte-voix.

C’est ce que révèlent de nouveaux dossiers judiciaires dans le cadre d’un procès en diffamation intenté par une entreprise dont les systèmes de vote étaient régulièrement décriés à l’antenne

Les échanges privés entre les animateurs de Fox News, Tucker Carlson et Laura Ingraham, et d’autres grands noms de la chaîne – dont le président de Fox Corporation, Rupert Murdoch – montrent un gouffre entre ce que le réseau disait à heure de grande écoute et les doutes que ses animateurs vedettes affirmaient hors de la caméra.

« Sidney Powell ment » sur le fait d’avoir des preuves de fraude électorale, a déclaré M. Carlson par texto le 16 novembre 2020 à un producteur de Fox News, faisant référence à l’une des avocates de Donald Trump.

Mme Ingraham a envoyé un message-texte à Tucker Carlson disant que Mme Powell est « complètement cinglée », ajoutant que « personne ne travaillerait avec elle ou avec Rudy », faisant référence à l’ancien maire de New York et partisan de M. Trump, Rudy Giuliani.

Ces communications internes et d’autres ont été incluses dans un mémoire expurgé déposé jeudi par les avocats de Dominion Voting Systems, qui poursuit Fox News et sa société mère, Fox Corporation, pour 1,6 milliard US.

Dans une déposition, l’animateur Sean Hannity a déclaré qu’il n’avait « pas cru une seconde » aux affirmations de Sidney Powell.

De son côté, Rupert Murdoch a écrit un courriel le 19 novembre, dans lequel il décrivait ce qu’il avait vu dans une conférence de presse de M. Giuliani et Mme Powell comme étant « des trucs vraiment fous. Et dommageables ».

Le dossier juridique de Dominion repose sur sa conviction que les employés de Fox News ont délibérément amplifié de fausses affirmations selon lesquelles la société avait modifié les votes lors des élections de 2020 et que Fox a fourni une plateforme permettant aux invités de faire des déclarations fausses et diffamatoires.

Les avocats de Fox ont fait valoir dans une demande reconventionnelle descellée jeudi que le procès est une attaque contre le premier amendement. Ils ont déclaré que Dominion avait avancé de « nouvelles théories de la diffamation » et recherchait un montant de dommages-intérêts « époustouflant » visant à faire la une des journaux, à refroidir le discours protégé et à enrichir le propriétaire du capital-investissement de Dominion, Staple Street Capital Partners.

« Dominion a intenté cette action en justice pour punir FNN pour avoir rapporté l’une des plus grandes histoires du moment – les allégations du président en exercice des États-Unis et de ses sympathisants selon lesquelles les élections de 2020 ont été affectées par la fraude », indique le réseau.

« Le fait même de ces allégations était digne d’intérêt. »

Les avocats de Fox ont noté que M. Carlson avait remis en question à plusieurs reprises les affirmations de Mme Powell dans ses émissions. « Lorsque nous avons continué à pousser, elle s’est mise en colère et nous a dit d’arrêter de la contacter », a indiqué Tucker Carlson aux téléspectateurs le 19 novembre 2020.

Si l’une ou l’autre des parties peut persuader le juge de la Cour supérieure Eric Davis d’accorder un jugement sommaire en sa faveur, l’affaire se terminera sans procès devant jury. Sinon, le procès devrait commencer à la mi-avril.