La coopérative qui regroupe les quotidiens Le Soleil, Le Droit, Le Nouvelliste, La Tribune, Le Quotidien/Le Progrès et La Voix de l’Est, a annoncé à ses employés d’importantes mises à pied temporaires tard lundi soir.

La Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i), anciennement Groupe Capitales Médias, a fait parvenir à ses employés « une communication (qu’elle) n’aurait jamais voulu faire » dans laquelle elle précise que 143 personnes perdront temporairement leur emploi, le temps que passe la crise de la COVID-19. Il s’agit de près de la moitié des employés du groupe de six journaux, qui disait compter 350 employés au total en décembre dernier.

En raison de la « chute brutale et sans précédent des revenus publicitaires », la direction de la coop a annoncé par le fait même qu’elle suspend la publication de ses journaux papier du lundi au vendredi.

À compter de ce mercredi, seule l’édition imprimée du samedi de ces journaux sera conservée, selon le directeur général de la CN2i, Stéphane Lavallée. Les médias continueront toutefois de publier quotidiennement sur leurs sites web et applications mobiles respectifs, avec l’espoir de « tenir le coup en attendant que la tempête se calme ».

« Nous avons la responsabilité d’agir rapidement afin d’éviter un épuisement rapide de nos ressources financières ; la baisse des revenus met notre survie en péril », a-t-il écrit.

Rappelons qu’en août dernier, les six quotidiens régionaux du Groupe Capitales Médias (GCM) s'étaient placés à l'abri de leurs créanciers. Un plan de relance avait alors été élaboré afin que l’entreprise soit rachetée pour 1 $ par une coopérative.

Et au début du mois, fort d’un montage financier de 21 millions dont la moitié provient de prêts, la nouvelle entité nommée CN2i venait tout juste de conclure des ententes avec sept bailleurs de fonds, dont Investissement Québec, le Fonds de solidarité FTQ et le Mouvement Desjardins.

La nouvelle coopérative avait réussi à récolter un montant de 3 millions de dollars dans la communauté, tandis que les employés avaient investi 5 % de leur salaire dans le projet de rachat.

Il s’agit d’un nouveau rebondissement dans la crise sans précédent qui frappe les médias écrits depuis quelques années.

Déjà sous pression en raison de la fuite des revenus publicitaires vers les géants du web, les entreprises de presse subissent une chute radicale de leurs principales sources de revenus depuis le début de la pandémie, soit les publicités. Le gouvernement Legault a d’ailleurs annoncé son intention d’aider les médias écrits pour qu’ils réussissent à passer à travers cette nouvelle crise.

« N’arrêtons pas d’y croire ; autant dans notre organisation qu’à l’extérieur, nous avons besoin de serrer les coudes comme jamais », conclut Stéphane Lavallée dans sa missive.