(San Francisco) Pendant une grande partie de l’année dernière, les entreprises technologiques ont chancelé. Les ventes de publicité numérique ont plongé. Le commerce électronique s’est essoufflé. La production d’iPhone s’est arrêtée. Et les investisseurs ont perdu confiance.

C’est la pire année que l’industrie technologique ait connue à Wall Street depuis la crise financière de 2008. Apple, Amazon, Alphabet, Microsoft et Meta ont perdu ensemble 3900 milliards de dollars en valeur boursière.

Désormais refroidies, de nombreuses entreprises technologiques ont commencé l’année en défendant une stratégie commerciale nouvelle et peu familière : l’austérité.

Au cours des derniers mois, de nombreuses entreprises ont déclaré qu’elles cherchaient des moyens de réduire les coûts et d’éliminer les projets futuristes qui sont devenus des gouffres financiers.

Amazon, Alphabet, Microsoft et Meta ont chacune annoncé leur intention de licencier plus de 10 000 personnes.

C’est un tournant abrupt pour une industrie qui est devenue célèbre pour ses gros salaires, ses bureaux extravagants et ses avantages somptueux, des navettes gratuites aux services de blanchisserie gratuits pour les employés. Mais alors que le boom qui a duré 15 ans touche à sa fin, la diminution des bénéfices amène les dirigeants du secteur à repenser ce qu’ils considéraient comme des outils importants dans une concurrence sectorielle pour attirer les talents technologiques.

Jeudi, Sundar Pichai, PDG d’Alphabet, la société mère de Google, a déclaré qu’elle était « engagée à investir de manière responsable, avec une grande discipline ». Tim Cook, le PDG d’Apple, a assuré aux investisseurs que l’entreprise prendrait des décisions « mûrement réfléchies ».

Et Andy Jassy, le PDG d’Amazon, a fait sa première apparition lors d’une conférence téléphonique avec des analystes depuis qu’il a succédé à Jeff Bezos il y a environ 18 mois, et a souligné les efforts déployés par l’entreprise pour maîtriser ce qui semblait être des coûts excessifs.

Leur message s’inscrit dans le prolongement du ton que le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, a donné au secteur mercredi lorsqu’il a qualifié 2023 d’« année de l’efficacité ». Lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, au cours de laquelle le mot « efficacité » a été prononcé plus de 30 fois, Mark Zuckerberg a parlé de réduire les dépenses d’infrastructure, de supprimer les couches de gestion et d’éliminer les projets sans avenir.

Les investisseurs applaudissent la nouvelle conviction de la famille technologique en matière de discipline financière.

Les actions de Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, ont bondi de plus de 23 % jeudi, leur plus forte hausse quotidienne en près de dix ans. Amazon, Alphabet, Microsoft et Apple se sont tous reprises, et le NASDAQ, très chargé en technologie, a augmenté de 3 %.

« Les gens voulaient revenir sur le marché, et ils voulaient savoir quand l’eau serait sûre pour y patauger », a déclaré Mark Mahaney, analyste chez Evercore ISI, une société d’investissement. Il a ajouté que la décision de la Réserve fédérale mercredi d’augmenter les taux d’intérêt d’un modeste quart de point a également aidé les entreprises technologiques, car elle a suggéré que la banque centrale maîtrisait l’inflation.

« Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de bonnes nouvelles pour que les actions donnent de meilleurs rendements », a déclaré M. Mahaney.

Mais les actions de bon nombre de ces sociétés ont chuté jeudi soir après la clôture des marchés, à la suite de l’annonce de résultats décevants pour le dernier trimestre, montrant clairement que les défis commerciaux de la technologie demeurent.

Jeudi, Google a annoncé la deuxième baisse de son chiffre d’affaires publicitaire. Amazon a déclaré que son activité lucrative d’infonuagique avait ralenti et que les ventes de son activité principale de commerce électronique avaient diminué. Et Apple a affiché sa plus forte baisse des ventes d’iPhone de la saison de Noël depuis 2018.

Plus tôt dans la journée, Meta a indiqué que ses ventes au cours des trois derniers mois de l’année dernière avaient chuté de 4 %. La semaine dernière, Microsoft a déclaré que les dépenses liées à l’infonuagique s’affaiblissaient.

La réaction du marché aux résultats médiocres de la tech pourrait être une indication de ce qui est à venir pour l’économie en général.

Les économistes tentent d’évaluer si l’économie peut éviter une profonde récession et réaliser ce que certains appellent un atterrissage en douceur. Selon Jason Furman, économiste à Harvard, si la technologie, qui a été le principal secteur à s’affaiblir l’année dernière, trouvait un plancher et commençait à rebondir, cela illustrerait la force relative de l’économie en général.

« Il y a six mois, l’économie se contractait et les taux d’intérêt augmentaient, et il y avait un rééquilibrage par rapport à la pandémie », a déclaré M. Furman. « Cette tempête parfaite, a-t-il ajouté, n’est plus vraie aujourd’hui. »

Alphabet, Amazon et Apple ont toutes publié jeudi des résultats trimestriels largement en deçà des attentes de Wall Street.

Alphabet a enregistré sa quatrième baisse consécutive du bénéfice, aux prises avec un ralentissement de la publicité numérique. Les ventes de publicité sur YouTube, la plateforme vidéo de Google, ont chuté de près de 8 % pour atteindre 7,96 milliards de dollars, soit moins que les 8,2 milliards de dollars attendus par les analystes.

Face au ralentissement des ventes de Google, a déclaré M. Pichai, l’entreprise déploie divers efforts pour maîtriser ses dépenses. Il s’agit notamment d’améliorer les performances financières de ses téléphones et autres appareils, d’essayer de rendre sa division infonuagique rentable et de renforcer les activités de YouTube.

« Je considère qu’il s’agit d’une étape importante pour réorganiser la base de coûts de l’entreprise de manière durable », a déclaré M. Pichai.

Chez Amazon, M. Jassy a fait pression pour réduire les coûts au cours de l’année écoulée. La société a élaboré des plans pour licencier 18 000 employés et techniciens, elle a ajouté des frais pour les livraisons d’épicerie qui étaient auparavant gratuites, et elle a réduit l’expansion rapide de ses entrepôts qui lui laissait trop d’espace de stockage.

Pourtant, Amazon a tout juste réussi à dégager un profit, avec un bénéfice net de 278 millions de dollars au cours du trimestre de décembre, alors que les ventes ont augmenté de 9 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 149,2 milliards de dollars.

Lors de la conférence téléphonique avec les analystes, M. Jassy a déclaré qu’il avait concentré ses efforts sur la réduction des coûts liés à l’exécution et à la livraison des colis. L’entreprise a considérablement développé ses entrepôts et son recrutement pendant la pandémie pour faire face à la demande. Même après près d’un an de ralentissement de l’expansion, a-t-il déclaré, « il y a encore beaucoup de choses à optimiser et à rendre plus efficaces ».

Apple a perdu environ 7 milliards de dollars de ventes d’iPhone lorsque sa plus grande usine d’iPhone en Chine a été fermée en raison d’une épidémie de COVID-19. La société a compensé ces pertes par de fortes ventes d’iPad, qui ont augmenté de 30 %, et de services tels que les abonnements à Apple Music.

M. Cook a déclaré que des facteurs macroéconomiques, notamment l’inflation et la guerre en Ukraine, avaient contribué aux difficultés de l’entreprise. Face à ces défis, l’entreprise a déclaré qu’elle limitait ses dépenses, ce qui contribuera à améliorer ses marges bénéficiaires.

« Nous faisons beaucoup de travail autour des coûts », a déclaré Luca Maestri, directeur financier d’Apple. « Cela porte ses fruits. »

La version originale de cet article a d’abord été publiée dans le New York Times.

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