(Paris) Les marchés boursiers européens ont terminé en ordre dispersé vendredi et Wall Street s’est replié après que le marché de l’emploi américain a surpris tous les économistes, ce qui pourrait donner à la Réserve fédérale américaine un motif pour continuer à durcir sa politique monétaire.

En Europe, les Bourses ont terminé en ordre dispersé : Londres est monté de 1,04 % à un niveau de clôture record malgré les mauvaises nouvelles récentes sur l’économie britannique, porté par Shell et la faiblesse de la livre. Paris a pris 0,94 %, mais Francfort a cédé 0,21 %. Les indices européens signent toutefois leur cinquième hausse hebdomadaire depuis le début de l’année.

À New York, le Dow Jones s’est effrité de 0,38 %, l’indice NASDAQ a rendu 1,59 % et l’indice élargi S&P 500 a perdu 1,04 %.

Les créations d’emplois aux États-Unis ont bondi en janvier, doublant même par rapport à décembre, alors qu’un ralentissement était attendu. Et le taux de chômage a continué à reculer, tombant désormais à 3,4 %, au plus bas depuis 1969.

Cette « belle surprise sur l’emploi aux États-Unis sème le doute sur une inflation qui serait totalement maîtrisée », commente Roland Toulet Morlanne, gérant de portefeuilles chez Degroof Petercam Wealth Management France.

Ces chiffres supérieurs aux attentes pourraient, selon lui, « conforter la Fed dans sa volonté de maintenir un discours ferme sur l’inflation » et plaider en faveur d’une hausse de taux.

Du point de vue de la Fed, un marché de l’emploi solide confirme que l’économie n’est pas en récession, ce qui lui laisse de la marge pour modérer davantage l’inflation via la hausse de ses taux directeurs.

Cette semaine a été marquée par les trois réunions des banques centrales américaine (Fed), européenne (BCE) et d’Angleterre (BoE) qui ont relevé leurs taux directeurs conformément aux attentes. Les investisseurs ont surtout lu dans leurs messages que la fin des resserrements monétaires était proche.

Ils suivront de près les interventions de banquiers centraux aux États-Unis et de la BCE la semaine prochaine alors qu’une autre bonne nouvelle macroéconomique — l’activité dans les services repartie à la hausse en janvier aux États-Unis — était source de méfiance.

Côté résultats, Apple et Alphabet ont vu leurs revenus et bénéfices reculer tandis qu’Amazon s’est montré prudent dans ses prévisions, de quoi ramener les investisseurs à la réalité d’une économie mondiale qui s’essouffle.

« Le trio des titans de la technologie a trébuché sur les résultats de la nuit dernière », commente Neil Wilson, analyste de Finalto, qui note « clairement un problème de demande » pour Apple avec la réduction des dépenses des consommateurs.

Après leur chute de jeudi, les taux d’intérêt des États de la zone euro remontaient modérément.

Le rendement des emprunts d’État américains à 2 ans, qui reflète davantage que le taux à 10 ans la vision du marché en matière de politique monétaire, a lui bondi à 4,28 %, contre 4,10 % la veille en clôture.

Déclin d’un triptyque de la technologie

Les trois géants de la technologie — Amazon (-8,43 %), Alphabet (-3,29 %), Apple (+2,44 %) — qui publiaient leurs résultats trimestriels jeudi après Bourse ont tous affiché un bénéfice net en deçà des prévisions des analystes.

Nanoco dévisse

Le fabricant de nanomatériaux Nanoco a dévissé de 26,6 % à 27 pence à Londres, après l’annonce du règlement à l’amiable d’un litige sur des questions de propriété intellectuelle avec le géant sud-coréen Samsung, qui rapportera moins qu’attendu par les investisseurs à l’entreprise britannique.

Du côté des devises et du pétrole

Le dollar grimpait face à la livre et à l’euro, dopé par une hausse plus rapide qu’attendu des créations d’emplois aux États-Unis en janvier.

Vers 17 h (heure de l’Est), le billet vert prenait 1,41 % à 1,2054 dollar pour une livre, et 1,06 % à 1,0795 dollar pour un euro.

Les cours du pétrole ont connu un nouveau trou d’air vendredi, un possible durcissement monétaire de la Fed étant favorable à un renforcement du dollar, ce qui mettrait mécaniquement les prix sous pression.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a reculé de 2,71 %, pour clôturer à 79,94 dollars et le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en mars, a lui abandonné 3,28 %, à 73,39 dollars.