(New York) La Bourse de New York a terminé dans le rouge sa première séance de l’année 2023, poursuivant la tendance morose de la fin de l’année précédente, plombée notamment mardi par la chute des titres de Tesla et d’Apple.

L’indice Dow Jones a cédé 0,03 % à 33 136,37 points, le NASDAQ, à forte coloration technologique, a perdu 0,76 % à 10 386,98 points et le S&P 500 s’est replié de 0,40 % à 3824,14 points, selon les résultats définitifs.

Wall Street avait brièvement débuté la séance en hausse, après un long week-end du Nouvel An, semblant vouloir rebondir à la suite de la pire année depuis 2008 pour le marché boursier.

Mais les actions n’ont pas pu conserver cet élan positif, « car la politique restrictive » de la banque centrale américaine (Fed) « et les craintes de récession sont restées au centre des préoccupations des investisseurs », a commenté Edward Moya, analyste d’Oanda.

La chasse aux bonnes affaires, motivée en début de séance par le bas prix des actions, a fait long feu et « il est trop tôt pour commencer à parier sur un changement d’attitude de la Fed cette année », a poursuivi cet analyste. « Cela va rendre l’environnement difficile pour les actions » en début d’année, a-t-il ajouté.

Les taux obligataires, qui avaient terminé l’année 2022 à 3,87 % pour les bons du Trésor américain à 10 ans, ont nettement reflué pour s’établir à 3,76 %, à 16 h 30 (heure de l’Est).

L’humeur maussade des opérateurs s’est focalisée sur l’action Tesla, qui a encore drastiquement chuté pour atteindre un nouveau plus bas depuis août 2020.

Le titre du constructeur de véhicules électriques, qui a déjà fondu de 65 % l’année dernière, a encore perdu 12,24 %, finissant à 108,10 dollars.

L’action a été vivement sanctionnée, car le groupe dirigé par Elon Musk a annoncé lundi des livraisons décevantes pour l’ensemble de l’année dernière.

La marque a livré 1,31 million de véhicules électriques en 2022, ce qui représente un record et un bond de 40 % sur un an, mais cela reste en dessous de ses propres prévisions et des attentes de Wall Street.

« Les chiffres du quatrième trimestre ont manqué l’objectif à cause de problèmes continus de logistique, d’inquiétudes sur la demande et d’une concurrence accrue de la part d’autres constructeurs », ont jugé les analystes de Schwab.

Sur le seul dernier trimestre, les livraisons se sont établies à 405 000 véhicules (+18 %), alors que les analystes en attendaient 418 000.  

Un analyste de JPMorgan a en outre révisé en baisse ses projections de bénéfices pour le dernier trimestre ainsi que pour l’exercice 2023, ce qui a encore plus déprimé le titre.

Apple a aussi fait mauvaise impression, plombant le NASDAQ, alors que le titre de la firme à la pomme a chuté de 3,74 % à 125,07 dollars.

Du coup, la valorisation de cette mégacapitalisation du secteur de la techno, qui avait dépassé les 3000 milliards de dollars début 2022, est repassée sous 2000 milliards de dollars pour la première fois depuis mai dernier. Le titre quant à lui est au plus bas depuis juin 2021.

Apple semble en butte à des retards de livraison de son iPhone 14 Pro fabriqué en Chine.

Les investisseurs s’inquiètent également de la hausse des taux d’intérêt, qui risque de peser sur le coût des investissements du fabricant.

Une grosse moitié des secteurs du S&P ont conclu dans le rouge, à commencer par l’énergie (-3,62 %) qui a suivi le fort repli des cours du pétrole brut, en raison d’inquiétudes sur la demande d’énergie dans le monde alors que la propagation de la COVID-19 met en danger la réouverture économique de la Chine.

Épargné, le secteur de la communication était en hausse, avec notamment un bond de 3,66 % de Meta, la maison mère de Facebook.

Mercredi, le conglomérat General Electric va entériner la scission de sa branche santé GE HealthCare et l’introduire en Bourse.

Les investisseurs vont aussi guetter le compte-rendu de la dernière réunion monétaire de la Fed.  

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a clôturé la première séance de l’année en hausse de 0,3 %, mardi, les pertes du secteur de l’énergie ayant été contrebalancées par les gains de plusieurs autres secteurs, pendant que les grands indices américains ont terminé la journée en légère baisse.

La journée avait commencé en hausse des deux côtés de la frontière, mais le vent a rapidement tourné et les choses se sont stabilisées dans l’après-midi.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a avancé de 58,85 points pour clôturer avec 19 443,77 points.

Les thèmes qui ont animé les marchés au cours de la seconde moitié de 2022 n’ont pas disparu avec le changement de calendrier, a observé Allan Small, conseiller principal en placement chez iA Gestion privée de patrimoine.

« En ce moment, le chemin de la moindre résistance semble être du côté négatif. Et c’est ce que nous voyons », a-t-il affirmé.

Les investisseurs sont essentiellement en mode attentiste pour les nouvelles données qui pourraient aider à donner une idée des mouvements des banques centrales au premier semestre 2023, a-t-il poursuivi.

Tous les regards seront tournés vers la Réserve fédérale des États-Unis, qui publiera mercredi le procès-verbal de sa réunion politique de décembre, ainsi que les données sur l’emploi aux États-Unis et au Canada, à venir plus tard dans la semaine, a expliqué M. Small.

La tendance voulant que les mauvaises nouvelles soient en fait de bonnes nouvelles en ce qui concerne les données économiques se poursuivra en 2023, a estimé M. Small. Ainsi, si les données sur l’emploi sont plus faibles, les marchés y verront un signe positif indiquant que les augmentations des taux d’intérêt continueront probablement de ralentir.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 73,22 cents US, en baisse par rapport à celui de 73,83 cents US de vendredi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a rendu 3,33 $ US à 76,93 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a laissé 49 cents US à 3,99 $ US le million de BTU.

Bien que les prix du pétrole puissent avoir un effet majeur sur le TSX – mardi, l’indice de l’énergie a reculé de 5,82 % – les autres grands secteurs comme ceux de l’industrie, des services aux collectivités et de la finance ont contribué à faire avancer l’indice, a expliqué M. Small.

Les prix du pétrole ont récemment été sensibles à toute nouvelle en provenance de Chine au sujet de sa réouverture et son augmentation des cas de COVID-19.

M. Small pense que les prix du pétrole recommenceront à augmenter au cours de la nouvelle année, ce qu’il juge inquiétant, car les prix du pétrole contribuent largement à l’inflation que les banques centrales ne peuvent pas influencer.

« Si nous voyons les prix du pétrole commencer à augmenter, alors que la Chine commence à prendre pied et à apporter beaucoup plus d’énergie […] Je pense que nous pourrions avoir du mal à essayer de faire ralentir l’inflation par rapport à ce que nous avons aujourd’hui », a-t-il fait valoir.

La Presse Canadienne