Les marchés boursiers ont rebondi avec vigueur jeudi après l’annonce en début de journée que le taux d’inflation en octobre aux États-Unis avait ralenti plus que prévu.

Il n’en fallait pas plus pour attiser les attentes des investisseurs selon lesquelles la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait bientôt ralentir le rythme de ses hausses de taux d’intérêt, qui pèsent lourd depuis des mois sur les marchés financiers.

Selon la mise à jour de l’Indice des prix à la consommation publiée jeudi matin, le taux d’inflation aux États-Unis a ralenti en octobre pour le quatrième mois consécutif depuis le sommet de 9,1 % en 40 ans atteint en juin dernier.

Aussi, le taux d’inflation mesuré à 7,7 % s’est avéré meilleur que le taux de 8 % auquel s’attendaient les économistes.

Ce rapport encourageant du point de vue des investisseurs a fait bondir les cotes sur les principaux marchés boursiers du monde.

Aux États-Unis, l’indice boursier S&P 500 a bondi de 5,5 %, ou 207 points, pour terminer la séance tout juste sous la barre des 4000 points. L’indice Dow Jones a augmenté de 3,7 % à 33 715 points et l’indice du marché NASDAQ des titres technologiques a bondi de 7,4 %, une séance record.

Au Canada, l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a sursauté de 3,3 % pour clore la séance à 19 990 points, son plus niveau le plus élevé en trois mois.

Entre-temps, alors que le rapport sur l’inflation aux États-Unis était encourageant pour les marchés financiers, des analystes de la conjoncture économique avertissent que la campagne de la Fed contre l’inflation élevée est probablement encore loin d’être terminée.

« Même ralentie à son plus bas niveau depuis janvier, l’inflation demeure trop élevée aux États-Unis », estime Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

« Certaines des pressions qui soutenaient l’inflation semblent s’apaiser, notamment du côté des biens. Cela ne veut toutefois pas dire que le travail de la Réserve fédérale soit terminé. D’autres hausses de taux directeurs sont à prévoir. »

Au Canada, la prochaine mise à jour de l’inflation est attendue mercredi prochain.

De l’avis de Josh Nye, économiste principal à la Banque Royale, « les banques centrales du Canada et des États-Unis (Fed) veulent encore voir ces premiers signes d’atténuation de l’inflation se poursuivre au cours des prochains mois ».

« Mais pour le moment, souligne M. Nye, le ton ferme maintenu par la Fed en particulier indique que les hausses de taux se poursuivront au début de l’année prochaine. Et compte tenu des prévisions de faible croissance économique pour 2023, je pense que le marché boursier demeure encore légèrement surévalué face à un autre resserrement des taux d’intérêt. »

En quelques mois à peine, la Fed a déjà haussé son taux directeur dans une fourchette de 3,75 % à 4 %, contre pratiquement 0 % en mars dernier.

En augmentant les taux, la Fed tente intentionnellement de ralentir l’économie et le marché du travail dans l’espoir de réduire l’inflation qui a atteint cet été son plus haut niveau en quatre décennies.

Mais du point de vue des investisseurs boursiers, on craint que cette hausse de taux d’intérêt, si elle va trop loin, puisse provoquer une récession.

D’ailleurs, malgré le sursaut de jeudi, l’indice S&P 500 de la Bourse américaine est encore en baisse d’environ 18 % depuis le début de l’année. Il demeure aussi en bonne voie de subir sa plus forte baisse annuelle depuis la crise financière de 2008.

Dans ce contexte, certains investisseurs continuent d’appeler à la prudence, car le sursaut de jeudi en réaction d’un recul encore partiel de l’inflation pourrait être trop optimiste.

« La Fed demeure catégorique sur le fait qu’elle ne freinera pas les hausses de taux tant que l’inflation ne ralentira pas de façon significative. Et bien que le sursaut du marché boursier jeudi suggère que les investisseurs pourraient voir le bout du tunnel, la Fed attendra d’autres données avant d’infléchir sa prochaine décision de hausse de taux attendue en décembre », avertit Mike Loewengart, directeur des portefeuilles modèles chez Morgan Stanley Global Investment, en entrevue avec l’agence d’information américaine Associated Press.

« N’oubliez pas que même si nous assistons à un ralentissement de l’inflation, les prix restent élevés et ils ont encore un long chemin à parcourir avant de revenir à une certaine normalité. »