(Londres) Le baril de pétrole américain de WTI a franchi lundi la barre des 60 dollars, une première depuis le 9 janvier 2020, effaçant ainsi les effets de la pandémie de COVID-19 grâce à de multiples facteurs tant sur l’offre que sur la demande.

Le baril américain de WTI pour le mois de mars s’est apprécié de 1,09 % lundi pour clôturer une séance écourtée du fait d’un jour férié aux États-Unis, le « Presidents Day », à 60,12 dollars, après avoir passé dès les premiers échanges asiatiques la barre de 60 dollars.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a gagné dans le même temps 1,38 % à Londres, à 63,30 dollars, au plus haut depuis le 22 janvier 2020. Il avait franchi la barre des 60 dollars lundi dernier.

« L’optimisme concernant le déploiement des vaccins (contre la COVID-19) permet d’alimenter l’appétit pour le risque », a commenté Carlo Alberto de Casa, analyste d’Activtrades.

Soutiens à l’économie

« Cette situation, conjuguée aux énormes liquidités injectées par les banques centrales, tire les marchés vers le haut, dont celui du pétrole », a-t-il ajouté.

Le brut est orienté à la hausse depuis plusieurs mois du fait d’un regain d’optimisme quant aux perspectives pour l’économie mondiale, de l’espoir suscité par le vaste plan de relance américain, de la conviction selon laquelle le ralentissement du rythme des infections et le lancement des campagnes de vaccination permettront de renouer avec une forme de normalité, et donc d’encourager la demande.

Lundi, plusieurs observateurs ajoutaient à cela l’annonce par l’Arabie saoudite samedi d’une nouvelle attaque, déjouée, contre son territoire par des rebelles houthis du Yémen en guerre.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine se sont par ailleurs entretenus lundi par téléphone, selon un communiqué du Kremlin, et ont à cette occasion « échangé leurs vues sur la mise en œuvre de l’accord OPEP “ ».

Le compte-rendu évoque la « disposition » des deux poids lourds de l’alliance, qui lie les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), emmenée par Riyad, et dix alliés, emmenés par Moscou, à poursuivre une « coordination étroite […] dans l’intérêt du maintien de la stabilité sur le marché mondial de l’énergie ».

Ce club de vingt-trois pays s’astreint à des coupes volontaires drastiques dans sa production d’or noir afin de l’ajuster à une demande mondiale qui a chuté depuis le printemps dernier.

Vague de froid

La situation météorologique particulière aux États-Unis était également de nature à soutenir le mouvement haussier de l’or noir, le Texas étant en proie à une vague de froid qui pourrait selon plusieurs observateurs et acteurs de marché peser sur la production du fait de la mise à l’arrêt de certains puits, de coupures de courant et de perturbation des transports.

« La spéculation sur les marchés pétroliers peut être en partie attribuée au temps glacial qui balaie les États-Unis », a indiqué Jeffrey Halley, de Oanda.

« Les entreprises américaines pourraient augmenter considérablement leur production dans un avenir proche, mais les conditions météorologiques actuelles rendront cette opération difficile, ce qui signifie que l’offre sera limitée », a renchéri Han Tan, de FXTM.

Eugen Weinberg, de Commerzbank, estime cependant que la hausse actuelle des prix est « prématurée et excessive. D’une part, il existe encore des risques du côté de la demande. D’autre part, l’offre — tant au sein du groupe OPEP qu’aux États-Unis — pourrait augmenter plus rapidement et plus fortement que prévu », a-t-il souligné.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’OPEP ont partagé jeudi des perspectives prudentes sur la demande d’or noir cette année. Et les prix au plus haut depuis plus d’un an encouragent les producteurs à ouvrir le robinet un peu plus.