(Paris) Les Bourses mondiales exultaient lundi et les places européennes ont terminé en très forte hausse après l’annonce d’un vaccin « efficace à 90 % » contre la COVID-19, qui fait espérer à terme un retour à une activité normale pour nombre d’entreprises en souffrance.

Portés en début de séance par le scénario de la présidentielle américaine amenant le démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche, les marchés ont décollé après une annonce des laboratoires Pfizer et BioNTech. Vers 7 h, ces sociétés ont affirmé que leur candidat-vaccin était « efficace à 90 % » contre la COVID-19, selon l’essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d’homologation.  

Les marchés européens se sont alors envolés et sont restés extatiques jusqu’à la clôture : Paris a pris 7,57 %, Francfort 4,94 %, Londres 4,67 %, Milan 5,43 % et Madrid 8,57 %.

Paris, Londres et Milan ont affiché leur meilleure performance en une séance depuis mars, et Francfort depuis mai. Cette dernière a même brièvement effacé l’ensemble de ses pertes annuelles, une première depuis le début de la crise sanitaire parmi les grandes places boursières européennes.

Wall Street était pour sa part sur la voie de nouveaux records à la mi-séance, le Dow Jones décollant de 4,20 % et l’indice S&P 500 de 2,69 %. L’action Pfizer s’envolait de 9,41 % vers 12 h 20.  

« Attendu depuis longtemps »

Côté pétrole, vers 16 h 50 GMT (11 h 50 à Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier bondissait également de 7,50 % par rapport à la clôture de vendredi, à 42,41 dollars. À New York, le baril américain de WTI pour décembre gagnait de son côté 8,48 % à 40,29 dollars.

« Cette nouvelle est énorme, on l’attend depuis très longtemps ! », s’est enthousiasmé Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance, interrogé par l’AFP à Paris juste après l’annonce des deux laboratoires.

« C’est l’information de l’année, peut-être même de la décennie », s’est enflammé à Francfort Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.

Sur le marché de la dette, l’appétit pour le risque faisait s’écraser les taux souverains des pays considérés comme les plus risqués, à l’instar de la Grèce et l’Italie, dont les taux à dix ans ont atteint de nouveaux plus bas historiques, respectivement à 0,728 % et 0,617 %.  

Panne des valeurs Covid

« La différence sur le marché est frappante : les plus gros gagnants sont parmi les actions les plus touchées par la pandémie – tandis que les gagnants de la COVID-19 se portent mal », relève Neil Wilson, analyste de Markets.com.

Très bénéficiaire de la première vague, l’indice NASDAQ à New York, à forte coloration technologique, ne prenait ainsi que 0,58 %.

L’annonce de Pfizer et BioNTech profitait surtout aux secteurs les plus affectés par les mesures de restrictions aux activités, à savoir le voyage, l’aéronautique, les banques.

Ainsi, la nouvelle a fait faire des bonds supersoniques à Airbus (+18,5 %), IAG (+25,5 %), Lufthansa (+19,8 %), Rolls-Royce (+43 %), Easyjet (+35,5 %) et Carnival (38 %). Les valeurs financières n’en ont pas perdu pas une miette, à l’instar de Société Générale (+18,4 %), BNP Paribas (+18 %) et UniCredit (+13,7 %). Les pétrolières étaient aussi en forme, comme Eni (+12,8 %) ou Total (+15 %).

A contrario, un coup de massue s’est abattu sur les entreprises qui avaient profité des mesures de confinement. Symbole : l’action de Zoom Video, spécialiste des visioconférences, chutait à Wall Street de plus de 13 %.  

La livraison de repas à domicile était en berne aussi. À Francfort, Delivery Hero a reculé de 5,8 %, Hello Fresh de 15,3 %. À Londres, Ocado a chuté de 11,5 % et Just Eat Takeaway de 8,9 %.

L’annonce positive sur le candidat vaccin de Pfizer et BioNTech intervient alors que les États-Unis, comme l’Europe, font face à des records de nouvelles contaminations ces derniers jours et que l’accumulation de nouvelles restrictions pour faire face à cette deuxième vague pourrait sérieusement escamoter la reprise économique.

Le président élu des États-Unis Joe Biden est resté mesuré dans sa réaction lundi, se réjouissant d’un signe d’« espoir », tout en prévenant que la « bataille » était encore loin d’être gagnée.

Les investisseurs ne doutent pas qu’il deviendra le président américain en janvier même si Donald Trump ne veut pas concéder sa défaite jusqu’ici. « Les investisseurs estiment que ses recours légaux ne représentent rien d’autre qu’une tentative de sauver la face », décrypte Joshua Mahony, analyste chez IG.

Parmi les valeurs refuges sur le marché des devises, le dollar s’est renchéri par rapport à l’euro (+0,48 % à 1,1817 dollar pour un euro). Le yen perdait 2,10 % face au dollar à 105,55 yens et 1,61 % face à l’euro à 124,72 yens. L’or chutait pour sa part de 4,99 % à 1854,01 dollars l’once.