Le groupe pharmaceutique américain Merck a vu son bénéfice net divisé par deux au deuxième trimestre, à 906 millions de dollars, affecté par la perte d'exclusivité sur plusieurs médicaments qui a entraîné un repli de 12% de cette branche.

Le bénéfice courant par action hors exceptionnels, valeur surveillée par les marchés, ressort à 84 cents contre 1,05 dollar sur la même période de l'an dernier. Les analystes attendaient en moyenne 83 cents.

Le groupe a confirmé son objectif annuel de bénéfice par action compris dans une fourchette de 3,45 à 3,55 dollars, hors éléments exceptionnels. Le chiffre d'affaires devrait, lui, être inférieur de 5 à 6% par rapport à l'an dernier, dont environ 3% du fait d'effets négatifs de change.

«Avec sept de nos dix meilleurs produits en croissance au deuxième trimestre et une performance solide au niveau mondial, nous continuons à gérer des expirations de brevets importants et à nous adapter à un environnement mondial du secteur de la santé en pleine évolution», a commenté le PDG Kenneth Frazier, cité dans le communiqué.

«Pour nous permettre de réaliser de nouveaux investissements dans des opportunités de croissance prometteuses, nous continuons à maîtriser nos coûts de manière efficace, comme nos résultats trimestriels le démontrent», a-t-il poursuivi.

Vers 10 h 15, le titre gagnait 0,48% à 48,57 dollars à la Bourse de New York.

Le chiffre d'affaires a diminué de 11% à 11 milliards de dollars, «ce qui reflète l'impact défavorable des expirations de brevets ainsi qu'un effet de change négatif de 3% qui a partiellement compensé la performance mondiale des activités de santé humaine», a expliqué Merck dans un communiqué.

La branche pharmaceutique a vu ses ventes fondre de 12% sur le trimestre à 9,31 milliards de dollars, contre 10,56 milliards un an plus tôt. Hors les produits affectés par la perte de brevets, elles ont progressé de 4% à changes constants.

Le groupe a notamment perdu son exclusivité en août 2012 aux États-Unis et en Europe en février 2013 sur les brevets du Singulair (asthme et allergies), qui était un médicament «blockbuster» c'est-à-dire réalisant plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires par an, du Maxalt (migraines) et du Clarinex (antihistaminique). Les ventes du Singulair se sont effondrées de 80% sur le trimestre à 281 millions de dollars, contre 1,43 milliard sur la même période de 2012.

Côté positif, Merck a engrangé 18% de plus que l'an dernier sur ses ventes de Gardasil (vaccin contre le Papillomavirus humain) à 383 millions de dollars. La décision du Brésil de mener une campagne de vaccination en 2014 est prometteuse, et devrait permettre de compenser la suspension de celle menée au Japon.

Merck a particulièrement bien réussi sur les marchés émergents, avec une hausse de ses ventes de 10% à taux de change constants. Ils contribuent désormais à 22% de l'activité pharmaceutique, avec la Chine qui constitue «un acteur clé de croissance».

«Nous devons continuer à trouver des voies pour améliorer nos flux de liquidités et pour produire de la valeur à court et long terme», a indiqué M. Frazier, lors d'une conférence téléphonique, soulignant que le groupe a restitué près de 9 milliards de dollars à ses actionnaires depuis le début de l'année sous forme de dividendes et d'un programme de rachat accéléré d'actions de 5 milliards (120 millions de titres).

Il a annoncé en mai un programme de rachat de ses propres titres de 15 milliards.

Merck, qui a engagé en juin une réorganisation de ses activités de recherche pour en simplifier la gouvernance avec des suppressions d'emploi non quantifiées, compte réduire ses investissements en R&D pour arriver en dessous des dépenses de 2012.

Les coûts de restructuration du groupe devraient représenter entre 500 et 700 millions de dollars cette année.

«Nous avons effectué des progrès constants dans le processus d'enregistrement de la prochaine gamme de produits de Merck», a confié Roger Perlmutter, patron des laboratoires de recherche de Merck (MRL).

De «bons progrès» ont notamment été effectués concernant le suvorexant (insomnie), dont la demande de mise sur le marché devrait être déposée devant l'Agence américaine des médicaments (FDA) «au premier semestre 2014».

Le groupe «travaille également étroitement» avec la FDA concernant le sugammadex, produit déjà autorisé dans une quarantaine de pays destiné à inverser certains effets de relaxants musculaires pendant les anesthésies. L'Autorité a repoussé un comité la semaine dernière pour effectuer des études plus poussées.

Il a également évoqué des «données encourageantes» avec son anti-cancéreux conçu pour neutraliser la protéine PD-1, testé contre le mélanome, le cancer du poumon et plusieurs autres types de cancers. Des détails devraient être communiqués lors d'un congrès à Sydney en octobre.