Y aura-t-il ou non une correction des marchés bousiers ? Ou est-ce que rien ne peut freiner l'appréciation des bourses ? Avec le S&P 500 en hausse de 10 % au premier trimestre et de 22 % durant les 10 derniers mois, pas surprenant que ces questions préoccupent les investisseurs.

Si l'histoire doit se répéter, un recul des marchés boursiers devrait s'amorcer bientôt. Et s'il faut se fier à l'expérience des trois dernières années, il sera significatif. Pourtant, les experts prédisent plutôt une correction mineure.

L'an dernier, le S&P 500 avait amorcé un recul au début du mois d'avril et avait perdu 11 % en 2 mois seulement. Ce n'est qu'en septembre que l'indice retrouva son niveau du début du mois d'avril.

Ce fut pire encore l'année précédente. L'indice qui se situait à 1 360 à la fin avril 2011 entrepris alors une descente qui le conduisit à 1 100 à peine 5 mois plus tard, un recul de 19 %. Il fallut attendre jusqu'au mois de février de l'année suivante pour revoir l'indice à 1 360.

Les investisseurs avaient été témoin d'un scénario semblable également en 2010. Le S&P 500 qui se situait à 1 220 à la fin du mois d'avril dégringola de 16 % en 2 mois. Il lui fallut jusqu'en novembre pour regagner le terrain perdu.

Mais si ces expériences passées ont de quoi inquiéter, de nombreux experts ne semblent pas craindre cette fois-ci une répétition de ces replis significatifs. La présence des banques centrales américaine et européenne, auxquelles s'ajoute maintenant celle de la Banque du Japon, semble les rassurer. Pierre Lapointe, stratège chez Pavilion, illustre bien cette opinion dans une note adressée à ses clients jeudi dernier. « Nous prévoyons une consolidation des marchés qui se traduira par un recul de 5 % auquel on assistera au cours des prochaines semaines », écrit-il.

Mais ensuite, il demeure positif quant à l'évolution du marché des actions. Essentiellement, M. Lapointe constate que des facteurs fondamentaux de l'économie américaine s'améliorent, dont l'immobilier et la consommation.

Les Bourses, le reflet de l'emploi

La publication des chiffres de l'emploi vendredi a confirmé ce que les bourses indiquaient déjà, soit que l'économie canadienne tire nettement de l'arrière sur l'économie américaine.

Au cours des quatre dernières semaines, l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a perdu 4,3 % alors que le S&P 500 à New York est demeuré à peu près inchangé.

Les statistiques de l'emploi du mois de mars vont dans le même sens, soit une perte de 50 000 emplois au Canada, alors qu'aux États-Unis la création d'emploi demeure positive (+ 88 000), bien que moins forte qu'anticipée.

La situation canadienne est inquiétante, car elle ne semble pas profiter de la reprise américaine. « L'emploi dans la fabrication au Canada a étonnamment retrouvé ses creux historiques, et ce malgré le redressement des conditions économiques observé au sud de la frontière », observe Matthieu Arseneau, économiste à la Financière Banque Nationale.

Mais si les bourses sont le reflet de l'emploi, il faudra aussi se méfier des bourses européennes. Selon Eurostat, l'agence statistique officielle de l'Union européenne, le taux de chômage dans la zone euro atteint maintenant 12 %. Il s'agit du niveau le plus élevé jamais atteint dans la zone euro.

Pas étonnant que les investisseurs semblent maintenant tous converger vers les actions américaines.

À SURVEILLER CETTE SEMAINE

> Aujourd'hui : L'Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada. Les entreprises canadiennes deviennent-elles plus pessimistes quant aux perspectives économiques ?

> Aux États-Unis, Alcoa ouvre une nouvelle saison de divulgation de profits des entreprises américaines après la clôture des marchés.

> Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale prononce une allocution à 19h15.

> Mardi : Les tendances à la baisse des mises en chantier et des permis de bâtir au Canada seront-elles confirmées ?

> Mercredi : Compte rendu de la réunion du la Réserve fédérale des 19 et 20 mars. On saura mieux s'il y a dissension au sein du comité quant à la volonté exprimée par Ben Bernanke de maintenir une politique exceptionnellement expansionniste.

> Jeudi : Chez-nous, Groupe ADF et Cogeco publient leurs résultats trimestriels

> Vendredi : Annonce des ventes aux détails aux USA. Après une forte hausse en février, on ne prévoit aucune croissance en février, indique Benoît P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.