Des marchés boursiers toujours plus volatils. Des taux d'intérêt si bas qu'ils justifient de moins en moins l'achat d'obligations. Rien pour faciliter la gestion du portefeuille.

C'est sans compter la crainte pour les particuliers de voir un jour les gouvernements ou leurs employeurs être incapables de leur verser les rentes de retraite promises.

Pas surprenant alors que les bons stratèges boursiers soient de plus en plus recherchés. Et heureusement, le Québec en possède plusieurs. La Presse Affaires a discuté avec certains d'entre eux, et une constante se dégage. La gestion de portefeuille doit faire appel aux outils les plus modernes et ne doit pas hésiter à se métamorphoser.

«La gestion traditionnelle, je n'y crois plus vraiment», avoue d'entrée de jeu André Marsan, président de Sigma Alpha Capital. «C'est devenu une affaire planétaire, et les moyens d'hier ne suffisent plus», dit-il.

Période de transition

Pour bien juger de la pertinence d'un placement aujourd'hui, il faut être conscient que la dynamique du monde de l'investissement est en pleine période de transition et que les notions qui l'ont guidé au cours des générations précédentes doivent être réévaluées, explique Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale.

Comme les taux d'intérêt sont plus bas que jamais et que les grands indices boursiers s'échangent à un multiple cours/bénéfices d'à peine 13 fois, les notions traditionnelles nous amèneraient à conclure que les actions constituent actuellement l'aubaine d'une génération. Mais attention, car des changements structurels importants modifient substantiellement la toile de fond.

On s'est habitué à vivre avec des multiples cours/bénéfices de 15 fois et plus, mais la croissance économique était alors de 4% et plus, explique le stratège de la Financière.

Depuis la crise financière, bien des règles ont changé. Les politiciens ont introduit beaucoup de volatilité dans les marchés. Et cela pourrait se poursuivre. «Nous sommes entrés dans une période de transition», dit M. Marion.

L'endettement des gouvernements

Pour combattre la crise financière et la récession qui a suivi, les gouvernements se sont endettés comme jamais auparavant. La croissance économique ne sera plus la même. Elle sera sûrement plus faible. Et les actions en Bourse pourraient fort bien commander un multiple cours/bénéfices nettement inférieur dans l'avenir.

De plus, le vieillissement de la population modifie la répartition globale des actifs. Les investisseurs sont à la recherche de rendement constant. Le concept de titres à dividendes est devenu une réalité. Les actions comme on les connaît pourraient être de moins en moins demandées.

De plus, comme les taux d'intérêt sont si bas, on est incité à prendre plus de risque, constate M. Marion. «Mais cela ne doit pas devenir la base de la gestion du portefeuille», dit-il.

Il faut se tourner vers d'autres classes d'actifs moins traditionnels, comme secteur agricole et l'immobilier. «L'industrie des services financiers n'aura d'autres choix que d'offrir aux particuliers toutes ces classes d'actifs», affirme-t-il.