La volatilité s'est estompée, l'optimisme règne et les décotes de plusieurs pays européens annoncées par Standard&Poor's ne semblent pas du tout toucher les marchés. Est-ce le calme qui précède la tempête?

Au cours des huit dernières séances de négociation, les variations quotidiennes de l'indice S&P 500 ont été inférieures à 1%. «C'est un peu trop calme», s'est empressé de dire Jim Paulsen, stratège chez Wells Fargo Management, lors d'une entrevue accordée à l'Associated Press. Il y aura bientôt une brisure dans une direction ou dans l'autre, selon lui. Même s'il admet qu'il est difficile pour l'instant de prévoir dans quelle direction, il croit néanmoins que le mouvement de marché qui suivra aura une bonne amplitude.

Le volume de transaction a été faible durant les deux premières semaines de l'année, 3,9 millions d'actions changeant de mains en moyenne chaque jour sur le parquet de la Bourse de New York. En 2011, la moyenne quotidienne avait été de 4,3 millions, ce qui était déjà perçu comme relativement peu élevé.

Un optimisme inquiétant

Un faible volume n'est pas anormal en début d'année, souligne Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale. Mais ce qui est inquiétant, selon lui, c'est que le volume avait déjà commencé à diminuer de façon marquée lors du quatrième trimestre 2011. Les marchés viennent d'entamer l'année à la hausse, mais le faible volume laisse craindre qu'il y ait peu d'acheteurs pour soutenir cette hausse.

Pourtant, les investisseurs sont actuellement très optimistes selon la plus récente enquête de l'American Association of Individual Investors (AAII). Les résultats du dernier sondage publié jeudi dernier révèlent que 49,1% des investisseurs consultés prévoient que les marchés seront plus élevés dans six mois qu'ils ne le sont aujourd'hui. Seulement 17,2% croient que les marchés seront plus bas, alors que le pourcentage des indécis totalise 33,7% des répondants.

Ces chiffres indiquent un degré d'optimisme relativement élevé comparativement à la moyenne à long terme qui est de 39% d'opinions bullish (optimistes) contre 30% d'opinions bearish (négatives). Mais à la Bourse, un optimisme généralisé est généralement de mauvais augure.

Cet indicateur de sentiment de l'AAII est reconnu par de nombreux analystes techniques comme un des meilleurs outils pour déterminer les sommets et les creux de marchés. Un très grand optimisme indique généralement que le marché est près de son sommet. C'est la situation qui prévaut actuellement. À 49% d'opinions positives, on se retrouve au même niveau qu'au début de l'année 2011. Après avoir réalisé quelques gains supplémentaires en janvier et en février, l'indice S&P 500 chuta dès le mois de mars et se retrouva rapidement en territoire négatif.

Même signal quant au creux de l'année 2011. Il se produisit d'abord en août, puis à la fin du mois d'octobre. À chaque occasion, le sentiment négatif, tel que mesuré par l'enquête de l'AAII, avait atteint un extrême à plus de 48%. Le marché a rebondi chaque fois.

Devant cet optimisme de début d'année, la Financière Banque Nationale suggère d'être prudent. Elle recommande de ne surpondérer que les titres qui versent de bons dividendes. Ils seront les moins touchés si jamais les nouvelles économiques qui soutiennent le marché boursier américain depuis quelques mois devenaient moins bonnes, explique M. Lettieri.

Les marges de profit à leur sommet

La publication des résultats des sociétés américaines est encore très fragmentaire, car seulement 5% des entreprises se sont exécutées jusqu'à maintenant. Pour ces sociétés, les bénéfices sont en hausse d'à peine 1,8%. Toutefois, le consensus prévoit une augmentation d'environ 7% lorsque toutes les sociétés auront publié leurs résultats d'ici deux à trois semaines.

Par ailleurs, les perspectives pour 2012 sont un peu inquiétantes. Le consensus se situe entre 9% et 10,5% selon la source utilisée. Mais à la Financière, on croit plutôt qu'ils seront de l'ordre de 6% à 7%. La raison est que l'on croit que les marges de profit sont près de leur sommet. Elles atteignent actuellement 15,6%, alors que la moyenne historique est de 13,6%.

La croissance des bénéfices devra donc provenir d'une augmentation des ventes. Mais une récession qui guette en Europe ainsi que l'endettement élevé des gouvernements et des consommateurs en Amérique du Nord pourraient bien ne pas favoriser cette augmentation.