Les plateformes boursières NYSE et Deutsche Börse ont franchi une étape importante jeudi dans leur projet de fusion en recevant l'accord sous condition du gouvernement américain, mais le plus dur reste à faire, à savoir de convaincre l'Union européenne.

Pour pouvoir «mener à bien son projet de fusion de 9 milliards de dollars avec NYSE Euronext», l'opérateur allemand Deutsche Börse s'est vu demander par la division «antitrust» du département américain de la Justice de vendre sa part de 31,5% dans l'opérateur de marchés américain Direct Edge Holdings, détenue par une filiale, International Securities Exchange Holdings.

«Direct Edge est le quatrième opérateur boursier du pays», note le ministère dans un communiqué, ajoutant que «la transaction, telle qu'elle était proposée à l'origine, aurait nui fortement à la concurrence» dans le secteur des plateformes d'échanges d'actions ou produits dérivés.

Le gouvernement demande à Deutsche Börse de procéder à cette cession sous deux ans, et interdit également au New York Stock Exchange et à Deutsche Börse «de participer à la gouvernance ou aux activités de Direct Edge».

Le département de la Justice a déposé pour la forme une plainte pour «bloquer l'acquisition» dans ses conditions actuelles, tout en présentant aux parties sa proposition de règlement à l'amiable.

Le mariage entre les deux groupes, annoncé en février et approuvé par leurs actionnaires respectifs en juillet, donnerait naissance au numéro un mondial du secteur.

Ce géant des marchés gèrerait les places de New York, Francfort, Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne, et dominerait à la fois le marché des dérivés en Europe et celui des activités de compensation.

La holding chapeautant le nouveau groupe doit être détenue à 60% par les actionnaires de Deutsche Börse et à 40% par ceux de NYSE Euronext, et avoir son siège à Francfort et à New York.

«Nous sommes très heureux d'avoir reçu l'approbation du département de la Justice, une étape importante dans la finalisation de notre remarquable rapprochement transatlantique», s'est félicité le directeur général du NYSE Euronext Duncan Niederauer, cité dans le communiqué.

Il note toutefois que cette finalisation «est soumise à l'obtention de feux verts supplémentaires de la part de la Commission européenne et d'autres autorités nationales de supervision boursière».

La Commission européenne avait ouvert en août une enquête approfondie sur cette opération et les négociations semblaient mal engagées jusqu'à il y a peu. Mais pour éviter un refus de Bruxelles, les deux groupes boursiers ont accepté de nouvelles concessions, dévoilées la semaine dernière.

NYSE Euronext et Deutsche Börse ont accepté d'augmenter leurs cessions d'actifs dans les dérivés d'actions, sans toutefois sacrifier leurs plateformes d'échanges respectives de dérivés, Liffe et Eurex, sans lesquelles la fusion n'aurait selon eux plus de raison d'être.

La Commission devrait donner son verdict le 9 février, et les deux groupes tablent encore sur une union au premier trimestre.