Tous ceux qui détenaient des actions ou des fonds négociés en Bourse calquant les principaux indices boursiers l'ont constaté: depuis l'été, les Bourses ont été plus volatiles que jamais.

À certains moments, l'ampleur des mouvements était sans précédent, notamment les fluctuations qui ont suivi la décote des États-Unis par Standard&Poor's au mois d'août. Le Dow Jones, l'indice phare des blue chips américains, a perdu 634 points au lendemain de la décote, pour ensuite rebondir de 429 points au cours de la séance suivante. Mais le troisième jour, l'indice plongeait de nouveau de 519 points, pour ensuite remonter de 423 points le lendemain.

Depuis cinq mois, les fluctuations quotidiennes du Dow Jones ont plus que doublé. De janvier jusqu'à la fin de juillet, l'écart moyen quotidien entre le haut et le bas de la journée était de 126 points. Depuis le mois d'août, il est de 261 points.

Et rien n'indique que cette volatilité va s'estomper, explique Michael Platt, de BlueCrest Capital Management LLP, hedge funds de 30 milliards de dollars, au cours d'une entrevue à Bloomberg. L'indicateur de volatilité VIX est actuellement à 26, ce qui est 27% plus élevé que sa moyenne historique de 20,56. Mais surtout, tous les contrats à terme sur le VIX échéant en 2012 se négocient actuellement au-dessus de 30. Cela signifie que les investisseurs croient que la volatilité des marchés boursiers va demeurer au-dessus de la moyenne pendant encore plusieurs mois.

Certains gestionnaires et spéculateurs peuvent profiter de cette volatilité. Entre autres ceux qui font appel à des modèles d'analyse quantitative pour sélectionner les investissements et les périodes de détention.

Mais pour la grande majorité des gestionnaires qui utilisent les méthodes d'analyse fondamentale, la volatilité est comme la vague qui vient inexorablement emporter le château de sable, explique Alain Boileau, président d'AFC Capital, hedge fund de Montréal.

La volatilité est la conséquence d'une augmentation de l'inquiétude chez les investisseurs. La faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et l'éclatement de la crise européenne l'été dernier ont fait bondir la volatilité. Ces événements se traduisent par un changement de comportement des investisseurs. «Lorsqu'ils sont sous l'emprise de la peur, les investisseurs vendent sans discernement», dit M. Boileau.

L'action de Bombardier constitue un bel exemple de ce château emporté par la vague. Pour chacun de ses trois premiers trimestres, ce fleuron de l'économie québécoise a présenté des résultats qui ont surpassé les attentes de 10% à 20% chaque fois. Pourtant, le titre ne vaut plus que la moitié de ce qu'il valait au mois d'avril.

Les résultats de Bombardier sont excellents, mais si vous craignez que l'économie mondiale s'écroule à cause de la crise européenne, ces résultats ne sont plus pertinents, car il y a fort à prévoir que la demande d'avions va chuter drastiquement, explique Alain Boileau.

Une prochaine année difficile

Étant donné son origine, il est probable que la volatilité que nous connaissons ne soit pas à la veille de diminuer. «La crise européenne n'est pas un problème de liquidité, mais plutôt un problème de bilan financier», dit le président d'AFC Capital. Il faudra plusieurs années pour que l'Europe se remette sur pieds, selon lui.

Il semble que de nombreux hedge funds soient en mode attente. Sur leurs plateformes où l'on retrouve autant de client et que de gestionnaire, c'est la paralysie, indique Denis Parisien, président de Gestion de placements Innocap, hedge fund détenu en partenariat par la Banque Nationale et BNP Paribas. «Et les gens vont être très patients», ajoute-t-il.

Des niveaux importants ont été brisés à la hausse sur le dollar américain et à la baisse sur le prix de plusieurs commodités. Cela confirme l'inquiétude des investisseurs et leur volonté de s'abstenir de prendre des risques, selon M. Parisien. «Tous observeront les développements au cours des premiers mois de la nouvelle année avant de se commettre davantage», dit-il.

Pendant ce temps, la vague continuera d'être sans merci pour les châteaux de sable.