Qui a dit que tout est calme sur les marchés financiers durant l'été?

Sûrement quelqu'un qui n'aura pas connu la présente saison, marquée par une actualité économique, financière, monétaire et politique tellement hors du commun qu'elle met sur les dents investisseurs et spéculateurs.

C'est toutefois sur une note positive, voire apaisante, qu'ils auront mis fin hier à une semaine des plus échevelée, la plupart des grandes places boursières des deux rives de l'Atlantique terminant par une séance positive.

Les grands indices boursiers ont joué au yoyo toute la semaine tandis que s'emballaient les marchés des devises et des dettes souveraines, sans mentionner celui des biens de base.

Au bout de cette semaine tumultueuse, marquée par quatre variations quotidiennes de plus de 4% d'affilée sur le S & P 500 et de plus de 400 points par jour sur la moyenne industrielle Dow Jones, les changements hebdomadaires sont somme toute modestes.

La Bourse de Toronto s'en tire plutôt bien avec un gain de près de 400 points du S & P/TSX à 12 542,20. Cela ne doit pas nous faire oublier qu'elle est en repli de 6,7% cette année, comme la plupart des grands parquets.

Elle aura fait mieux en tout cas que le maître indice américain, le S&P 500, qui se retrouve écorné d'un peu plus de 1% à 1178,81 points, malgré trois séances sur cinq à la hausse. Il a cédé 5,5% jusqu'ici cette année.

Les pertes de 6,6% lundi, qui faisaient suite à la décote de la dette américaine par l'agence Standard & Poor's le vendredi précédent après la fermeture, et celles de 4,4 % mercredi dans la foulée des spéculations agressives sur la dette souveraine française, n'ont pu être rattrapées.

Au cours de cette séance de mercredi, les titres des banques ont particulièrement été attaqués. La solidité des canadiennes (à la différence des américaines) et leur très faible exposition à la dette souveraine européenne (contrairement aux françaises), sans oublier la ruée sur l'or auront permis à l'indice de Toronto d'être un des rares à terminer cette journée sur un gain.

Le métal jaune a gagné plus de 100$ l'once cette semaine. Elle a même flirté avec les 1800$ au beau milieu de la panique de mercredi, en dépit de l'engagement conditionnel de la Réserve fédérale américaine de maintenir son taux directeur près de zéro jusqu'au milieu de 2013. L'or s'est replié par la suite, mais son rôle de valeur refuge a été une fois de plus confirmé.

Le baril de pétrole a peu reculé, même si l'agitation des marchés était mue par les craintes d'une rechute en récession de l'économie américaine.

Prendre la mesure du ralentissement de la première économie du monde et de la capacité des États de la zone euro à juguler la crise des dettes italienne, espagnole et même française animera les paris des investisseurs et spéculateurs d'ici à l'automne. La volatilité est donc installée à demeure durant encore plusieurs semaines.

C'est pour rassurer leurs clients que les économistes en chef de la Banque Nationale et de BMO Marchés des capitaux ont pris des initiatives.

Jeudi, Stéfane Marion, qui a aussi le titre de stratège de l'institution de la rue de la Gauchetière, a publié une mise à jour de sa stratégie dans laquelle il ramène à quelque 2% au lieu de 3% le rythme annuel de croissance américaine au cours des prochains mois. S'il se réjouit de l'initiative de la Fed, les chances que le Congrès n'approuve pas cet automne les recommandations que lui fera le comité bipartite pour trouver des économies de quelque 1500 milliards sur 10 ans l'inquiètent.

Épaulée par le chef des investissements de BMO Harris Private Bank Paul Taylor, Sherry Cooper, a annoncé une deuxième révision à la baisse en moins d'un mois de ses prévisions de croissance pour l'année en cours, tant aux États-Unis qu'au Canada. Chez nos voisins, elle la ramène à 1,7%. « C'est faible, mais ce n'est pas une récession », insiste-t-elle.

Elle s'inquiète du taux de chômage qui restera au-dessus de 9,0% cette année avant de reculer faiblement à 8,5%, fin 2012.

Chez nous, elle ramène la croissance à 2,4%, ce qui signifie une légère accélération en deuxième moitié d'année alors que notre économie a au mieux fait du surplace au printemps.

À ses yeux, le risque le plus grand demeure la crise de la dette européenne qui compromet l'existence même de l'euro, faute de l'acceptation des pays les plus sains à renoncer à une partie de leur souveraineté fiscale au profit d'une quelconque mutualisation de la dette de toute la zone.