La France et l'Italie réfléchissaient vendredi à la tenue d'une réunion anticipée des ministres des Finances du G7 afin de tenter de calmer les investisseurs, inquiets d'une contagion de la crise de la dette dans l'UE deux semaines seulement après un sommet censé régler ce problème.

«Avec le président français (Nicolas) Sarkozy, nous avons pris la décision d'anticiper à dans quelques jours la convocation d'un G7 des ministres des Finances», a annoncé le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.

Une annonce aussitôt tempérée par son porte-parole Paolo Bonaiuti qui a précisé dans un communiqué qu'il s'agissait «d'une réflexion encore en cours et non d'une décision déjà prise».

Le Cavaliere a aussi indiqué qu'une réunion du G7 Finances pourrait déboucher sur un sommet des dirigeants du G8 «si les ministres des Finances réussissent à se mettre d'accord sur un plan d'action commun».

«La situation est très difficile et elle réclame des interventions coordonnées. Il faut reconnaître que le monde est entré dans une crise financière globale qui concerne tous les pays», a expliqué M. Berlusconi.

La présidence française n'avait pas confirmé dans la soirée la prochaine tenue d'une réunion du G7 Finances (É.-U., Allemagne, Japon, France, Canada, Italie et Grande-Bretagne), se contentant d'indiquer que M. Sarkozy avait prévu un contact téléphonique avec le président américain Barack Obama.

Selon la Maison-Blanche, M. Obama s'est entretenu séparément par téléphone avec le président Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel au sujet «des dernières évolutions de la crise en zone euro» et a relevé «l'importance de (la) mise en oeuvre» des mesures adoptées au sommet de la zone euro le 21 juillet.

Les dirigeants des pays de la zone euro se sont concertés vendredi après avoir constaté que l'accord trouvé le 21 juillet pour faire face à la crise de la dette n'avait pas convaincu les marchés.

L'Italie et l'Espagne sont au coeur de la tourmente, mais d'autres pays sont également touchés comme la Belgique.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a annoncé l'accélération de l'application des mesures de rigueur «dans le but d'arriver à l'équilibre budgétaire en 2013 au lieu de 2014».

Sans la foulée, le ministre italien des réformes institutionnelles Umberto Bossi a assuré que la Banque centrale européenne (BCE) allait commencer à acheter des obligations d'État italiennes à partir de lundi en échange de l'engagement de l'Italie à accélérer la réduction des déficits.

La mobilisation politique dépasse les frontières de la zone euro. Les autorités britanniques, membres du G7, se sont également réunies d'urgence pour examiner la situation et ont pris part aux consultations menées vendredi.

Revenu exprès de vacances, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a été le premier à intervenir vendredi à Bruxelles.

Lors d'une conférence de presse à la mi-journée, il a rappelé que l'accord du 21 juillet comportait de nombreux points techniques qui demandaient du temps avant d'être mis en oeuvre.

«Nous sommes en train de réaliser une réforme très profonde des filets de sécurité de la zone euro», a-t-il rappelé.  Mais «le Fonds de stabilisation européen est encore en cours de fabrication», a-t-il souligné.

Il s'agit «d'une affaire de semaines et de non de mois», a-t-il martelé, de nombreuses avancées étant attendues en septembre, quand les Parlements nationaux devront se prononcer.

Les dirigeants européens ont assuré vendredi de leur intention d'appliquer les accords «le plus vite possible», a indiqué un porte-parole de la chancellerie allemande.

Outre un deuxième plan d'aide pour la Grèce, les dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord sur un arsenal de mesures pour lutter contre la crise de la dette, dont le renforcement du Fonds de soutien mis en place pour venir en aide en 2010 à l'Irlande et au Portugal.

M. Rehn a estimé que la capacité de prêts de ce fonds devait être renforcée, même s'il s'est refusé à entrer dans une bataille de chiffres.

Le fonds dispose actuellement d'une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros, une enveloppe insuffisante pour sauver un pays de la taille de l'Italie, une éventualité qui n'est d'ailleurs pas prévue dans l'accord du 21 juillet.

Le commissaire européen a jugé «injustifiées» les attaques subies sur les marchés par Rome et Madrid, qui selon lui n'auront tout simplement pas besoin de plans d'aide.

Mais ses déclarations ont été boudées par les marchés financiers. La défiance est due à l'absence de mesures au niveau européen, expliquent les analystes.

«Le fonds de secours devrait être élargi pour pouvoir aider des pays comme l'Espagne et l'Italie. Cela implique que nous glissions petit à petit vers une sorte d'union budgétaire, vers des États-Unis d'Europe», a plaidé vendredi Bart De Ketelbutter, expert auprès du bureau Fédéral du Plan en Belgique.