Les 1300 syndiqués d’Airbus Canada qui assemblent l’A220 à Mirabel planifient des moyens de pression, ce lundi, après avoir rejeté, de manière quasi unanime (99,9 %), une deuxième offre patronale visant à renouveler leur convention collective.

Quelque 80 % des syndiqués représentés par l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) s’étaient déplacés, dimanche, pour exprimer leur mécontentement à l’endroit du contenu des propositions de l’avionneur européen.

« Depuis l’assemblée du 17 mars dernier, nous avons fait évoluer la proposition de l’employeur sur certains points, mais il y a du rattrapage à faire qui ne figure toujours pas dans la deuxième offre, et les membres ont été clairs à ce sujet aujourd’hui [dimanche] », a indiqué le porte-parole syndical et représentant québécois de l’AIMTA, Éric Rancourt.

Même si les travailleurs se sont déjà dotés d’un mandat de grève, Airbus et les représentants syndicaux doivent recommencer à négocier dès lundi. Cependant, la production de l’ancienne C Series de Bombardier – un programme toujours déficitaire – risque d’être perturbée. L’AIMTA affirme que des moyens de pression sont prévus. Le syndicat n’a toutefois pas voulu dire ce qui pourrait être mis de l’avant.

« Le dialogue à la table est ouvert et constructif, mais il subsiste un écart entre les demandes du syndicat et la capacité financière actuelle de l’A220 qui n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité », a pour sa part souligné la multinationale européenne, dans une déclaration envoyée par courriel.

Les pourparlers avaient débuté en novembre dernier entre les deux parties. Les salaires, l’indexation du régime de retraite, les horaires de travail, les assurances collectives ainsi que l’impartition font partie des points toujours en litige, selon la partie syndicale. L’offre initiale d’Airbus Canada avait été rejetée à hauteur de 99,6 %.

Détenu à hauteur de 25 % par l’État québécois, l’A220 vient de tourner la page sur une année record au chapitre des commandes, avec 142 contrats fermes, tout en étant capable d’accroître son nombre de livraisons d’environ 30 % (68 appareils remis à des clients) l’an dernier. La cadence de production doit néanmoins doubler d’ici deux ans à Mirabel ainsi qu’à Mobile, en Alabama, si le programme veut atteindre le seuil de rentabilité.

Tout retard sur l’échéancier risque d’avoir des conséquences pour les contribuables québécois, qui ont injecté, jusqu’à présent, 1,7 milliard de dollars dans ce programme développé par Bombardier. En acceptant de remettre 380 millions en 2022, Québec avait pu repousser à 2030 le moment où Airbus rachèterait sa participation dans l’A220. Plus les profits se font attendre, plus la somme obtenue par l’État québécois risque d’être amputée.

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    Exemplaires de l’avion remis à des clients après les deux premiers mois de l’année
    source : airbus