Le Québec est l’un des rares endroits dans le monde où s’est effectuée l’homologation de nouveaux avions ces dernières années. C’est ce qui a séduit Wisk Aero, une jeune pousse créée par le cofondateur de Google Larry Page, à venir s’y installer afin de poursuivre la conception de son prototype de taxi volant électrique.

Sans tambour ni trompette, Wisk, une filiale à part entière de Boeing depuis l’an dernier, s’est posée à Laval, au nord de Montréal, en août 2022. Situé à un jet de pierre du Carrefour Laval, le bureau québécois de l’entreprise californienne a rapidement grandi, et ce n’est pas fini.

« On veut doubler notre empreinte », explique son vice-président principal à l’ingénierie et aux programmes, Sébastien Vigneron, en entrevue avec La Presse. « C’est vraiment stratégique pour nous. »

Cet ancien de Bombardier affirme que cela signifie qu’à court terme, Wisk ambitionne de doubler son nombre d’ingénieurs – l’entreprise en compte près de 45 – et son empreinte physique d’environ 5000 pieds carrés (465 mètres carrés) dans la province. Sur son site web, environ 20 postes à temps plein sont actuellement affichés à Laval.

L’antenne québécoise de la jeune pousse a hérité de la responsabilité de concevoir tout ce qui tourne autour des commandes de vol électriques de la sixième génération du prototype sur lequel travaille Wisk. Il s’agit des logiciels et de l’avionique – le système nerveux d’un appareil –, notamment.

Notre concept, c’est la combinaison d’un hélicoptère et d’un avion. L’avantage d’un hélicoptère, c’est de décoller verticalement. Celui d’un avion, c’est la faible consommation d’énergie pour avancer lorsque l’on est en portance. On veut le meilleur des deux mondes.

Sébastien Vigneron, vice-président principal à l’ingénierie et aux programmes chez Wisk

Plusieurs projets ont été annoncés dans le créneau de la mobilité électrique au Québec – Jaunt Air et VPorts – et ailleurs dans le monde. Celui de Wisk avance rondement. L’objectif est de « voler » en 2024, affirme son vice-président principal à l’ingénierie et aux programmes. Ces essais en vol auront lieu aux États-Unis, plus précisément à Mountain View, en Californie, où se trouve le quartier général de l’entreprise – qui est également présente en Nouvelle-Zélande.

À travers le monde, Wisk compte déjà quelque 700 employés.

Expertise particulière

Bon nombre d’ingénieurs ont été mis à contribution chez Bombardier au cours de la dernière décennie pour certifier des programmes comme la CSeries – un programme maintenant contrôlé par Airbus et renommé A220 – en 2015 ainsi que le jet privé Global 7500 (2018). C’est de cette expertise que souhaite profiter Wisk.

M. Vigneron est bien placé pour parler, ayant lui-même œuvré sur ces deux projets.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE WISK

Sébastien Vigneron est vice-président principal à l’ingénierie et aux programmes chez Wisk.

C’est pour cela que la région de Montréal est intéressante. J’ai travaillé sur les deux programmes, donc j’ai vécu tout le cycle avec Transports Canada. Je ne vais pas vous mentir, certifier un avion, ce n’est pas facile. C’est un processus où il y a énormément d’étapes à franchir. Il y a énormément de compétences ici.

Sébastien Vigneron, vice-président principal à l’ingénierie et aux programmes chez Wisk

La certification d’un aéronef comporte une série de tests sur les différentes parties de l’appareil, dont les systèmes. Une phase d’essais en vol – une étape cruciale – fait également partie du processus. Wisk souhaite d’abord certifier son taxi volant aux États-Unis. Le sceau d’approbation des autorités réglementaires procure l’autorisation de voler et de transporter des passagers.

Filiale de Boeing, Wisk n’a pas été intégrée au sein du géant américain, au cœur d’une tempête qui emportera son grand patron à la fin de l’année dans la foulée d’incidents en vol qui soulèvent des inquiétudes en matière de sécurité. M. Vigneron est bien conscient de la situation délicate dans laquelle se trouve le propriétaire de Wisk. Il essaie de voir le bon côté des choses.

« Cela vient renforcer notre souci de tout ce qui touche la sécurité, dit-il. Cela [la situation de Boeing] ne change pas nos relations avec la Federal Aviation Administration [le pendant américain de Transports Canada]. »

Le prototype de Wisk en bref

  • Altitude de croisière : 2500 à 4000 pieds (760 à 1220 mètres)
  • Distance entre les extrémités des ailes : moins de 50 pieds (15 mètres)
  • Autonomie avant une recharge : 150 kilomètres
  • Vitesse de croisière : 200 à 220 km/h
En savoir plus
  • 450 millions US
    Financement offert à Wisk par Boeing en 2022
    Source : Wisk Aero