(Londres) Le géant britannique de l’hygiène et de l’alimentaire Unilever va se séparer de sa division de glaces qui compte notamment les géants Ben & Jerry’s ou Magnum et dont les ventes ont déçu l’an dernier, et veut doper ses marges avec un plan d’économies qui envisage 7500 suppressions d’emplois.

« Une scission » de la division glaces avec cotation en bourse séparée « est la voie de séparation la plus probable », mais « d’autres options seront envisagées afin de maximiser les rendements pour les actionnaires », a précisé Unilever dans un communiqué.

Unilever espère générer des économies d’environ 800 millions d’euros sur les trois prochaines années et sa restructuration « devrait avoir un impact sur environ 7500 postes » dans le monde détaille-t-il.

La réduction attendue des emplois correspond à près de 6 % des effectifs.  

« Ces propositions feront l’objet d’une consultation », précise Unilever, qui indique que ses coûts de restructuration atteindront environ 1,2 % de son chiffre d’affaires ces trois prochaines années, en légère hausse par rapport aux précédentes projections.

Unilever compte ainsi doper sa croissance et ses marges, dans le cadre d’un plan stratégique dévoilé en octobre pour relancer sa performance.

Depuis son arrivée à la tête de l’entreprise en juillet, le directeur général Hein Schumacher « a pris des mesures décisives, en lançant le mois dernier un rachat d’actions de 1,5 milliard d’euros et en s’engageant à accélérer la croissance des marges, mise à mal dans un contexte d’inflation à la suite de la pandémie et à la guerre en Ukraine », commente Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor.

Unilever, connu aussi pour les savons Dove, les déodorants Axe ou les soupes Knorr, répercute depuis des mois l’envolée des coûts face à l’inflation. Le groupe avait néanmoins prévenu cet été que les hausses des prix allaient s’atténuer.

Glaces « en décalage »

Les investisseurs applaudissaient les annonces de mardi et le titre du groupe grimpait de 3,76 % à 3955 pence mardi vers 6 h (heure de l’Est) à la Bourse de Londres.

Ces annonces « auraient été influencées par l’investisseur activiste » et milliardaire américain Nelson Peltz, qui siège au conseil d’administration depuis 2022 et « a apporté des changements similaires » chez le rival d’Unilever Procter & Gamble, poursuit Mme Scholar.

Le groupe avait expliqué l’an dernier vouloir se focaliser sur 30 marques « motrices » qui représentent conjointement 70 % des recettes du groupe, et viser une croissance organique du chiffre d’affaires de 3 à 5 %.

Le groupe a vu son bénéfice net chuter de 15 % l’an dernier.

Sous pression pour améliorer les performances, M. Schumacher avait salué le mois dernier le fait que les marges commencent à se reconstituer, mais jugeait que « la compétitivité » du groupe restait « décevante ».

La division glaces d’Unilever a réalisé un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros en 2023.  

Selon Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdown, « les glaces ont toujours semblé en décalage comparé à d’autres gammes de produits, avec des performances difficiles ces derniers temps. »

Elles « présentent des caractéristiques distinctes par rapport aux autres activités opérationnelles », fait valoir Unilever, citant notamment « une chaîne d’approvisionnement et de points de vente prenant en charge les produits surgelés » ou encore « une plus grande saisonnalité ».

Unilever, qui espère finaliser la scission d’ici la fin 2025, avait aussi été marqué en 2021 par un litige avec sa filiale américaine Ben & Jerry’s, qui estimait que la vente de ses glaces dans les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est n’était pas « compatible » avec ses « valeurs », un conflit « résolu » en décembre 2022 par un accord confidentiel.