Sur le point de cesser ses activités, Lynx Air s’est protégée de ses créanciers à la veille d’une échéance l’obligeant à payer plus d’un demi-million à Aéroports de Montréal (ADM) de frais en souffrance. Le transporteur aérien à bas prix accusait tellement de retard que l’exploitant de Montréal-Trudeau a menacé de lui interdire l’accès à ses installations, a appris La Presse.

Cet ultimatum a été lancé le 8 février dernier par le vice-président, finance et administration et chef de la direction financière d’ADM, Aymeric Dussart, dans une lettre envoyée à l’entreprise établie à Calgary.

« Lynx Air se verra refuser l’accès aux installations aéroportuaires et sa lettre d’autorisation sera résiliée dans son intégralité, sans préjudice et sans autres avis ou délais », écrit M. Dussart, dans sa missive, que La Presse a pu consulter.

Lynx Air au Québec

Destinations à partir de Montréal-Trudeau*

Vancouver, Calgary, St. John’s (Terre-Neuve), Las Vegas, Los Angeles, Orlando, Tampa Bay

Destinations à partir de Jean-Lesage (Québec)*

Toronto

* Destinations actuellement offertes

Un versement de 560 017 $ était attendu en date du vendredi 23 février. D’autres paiements devaient s’échelonner jusqu’au 1er avril prochain. Selon les documents judiciaires déposés par Lynx pour demander la protection des tribunaux dans le cadre de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, ADM lui réclame des frais d’amélioration aéroportuaires – qui sont imposés à tous les transporteurs – non payés de 1,7 million.

À l’abri de ses créanciers depuis jeudi, le transporteur aérien à bas prix insolvable aura cessé ses activités ce lundi, alors qu’approche la semaine de relâche. Il n’avait pas été possible de savoir, vendredi, si l’exploitant et gestionnaire des aéroports Montréal-Trudeau et de Mirabel serait en mesure de récupérer la somme en souffrance. ADM n’a pas offert de précisions sur cette question.

« Lynx Air était en défaut de paiement auprès d’ADM, a souligné sa directrice des communications corporatives et des relations médias, Anne-Sophie Hamel. Dans le dossier de Lynx, nous avons été informés de leur décision sans obtenir de préavis, à l’instar des 14 autres aéroports canadiens où opérait le transporteur. C’est évidemment une situation déplorable pour les passagers et particulièrement parce qu’elle survient à l’aube de la semaine de relâche. »

Pas juste à Montréal

L’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto, qui exploite l’aéroport Pearson, tapait également du pied à l’endroit de Lynx en matière de frais aéroportuaires. Dans ce cas-ci, c’est près de 2,5 millions en frais impayés qui sont réclamés à Lynx.

Dans sa requête visant à se protéger de ses créanciers, la compagnie aérienne affirme qu’elle ne disposait plus de suffisamment d’argent afin de poursuivre ses activités sur une base quotidienne. De plus, les recours des fournisseurs semblaient s’accumuler.

« Certains fournisseurs essentiels ont récemment décidé de prendre des mesures, qui mettraient en péril les activités [de la compagnie] et entraîneraient probablement l’arrêt des activités de manière chaotique et désordonnée », peut-on lire dans la requête.

La fin de Lynx survient donc moins de deux ans après son vol inaugural. À partir de Montréal, la compagnie exploitait de 12 à 15 vols par semaine. En dépit de ses ambitions, l’empreinte de Lynx était limitée dans le marché canadien. On compte neuf Boeing 737 Max 8 dans sa flotte. L’entreprise souhaitait, à terme, en exploiter 46.

En tenant compte des contrats de location de ses avions, les créances de Lynx s’élevaient à 600 millions, d’après les documents déposés auprès des tribunaux albertains. Le transporteur avait perdu 112 millions l’an dernier tout en générant des revenus totaux d’environ 166 millions. En 2022, le manque à gagner s’était chiffré à 76 millions sur un chiffre d’affaires de 58 millions.

Le principal actionnaire de Lynx est la firme d’investissement privé Indigo Partners LLC, de l’homme d’affaires Bill Frankie, également présent dans des compagnies à bas prix comme Frontier Airlines (États-Unis) et Wizz Air (Hongrie). La firme Claridge, de la famille de Stephen Bronfman, détient une participation de quelque 11 %.

Lisez « Les clients de Lynx Air pris de court : “Je m’estime chanceuse dans ma malchance” »
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  • 500
    Nombre d’employés de Lynx Air
    Source : LYNX AIR
    46 avions
    Flotte que souhaitait exploiter à terme l’entreprise
    Source : LYNX AIR