Les promoteurs du terminal de passagers à l’Aéroport métropolitain de Montréal – anciennement l’aéroport Montréal–Saint-Hubert – reçoivent un coup de pouce de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC), qui leur prête 90 millions pour compléter le montage financier de ce projet, qui ne fait pas que des heureux.

Six mois après les premiers coups de pelle, le consortium formé par Porter Airlines et Macquarie Asset Management affirme que le chantier est « entièrement financé ». L’annonce de l’aide financière de la BIC sera confirmée ce mardi.

« Notre rôle, c’est de réduire l’incertitude pour permettre au secteur privé d’avancer, affirme le président-directeur général de la BIC, Ehren Cory, en entrevue avec La Presse. Une fois que le projet [est achevé], on peut sortir et mettre notre argent sur d’autres projets. »

Le gouvernement Trudeau a créé la BIC en 2017, la considérant comme un moyen d’utiliser les fonds publics pour mobiliser des investissements privés et financer de nouveaux projets générateurs de revenus, comme ceux qui favorisent la connectivité. Les investisseurs pourraient obtenir un rendement, et des dollars fédéraux pourraient être dégagés pour un plus grand nombre de projets.

Cette société d’État fédérale a aussi épaulé Aéroports de Montréal en 2021 en lui offrant un prêt de 300 millions pour permettre la réalisation de la station du Réseau express métropolitain à l’aéroport Montréal-Trudeau.

En banlieue sud de la métropole, Porter sera le principal utilisateur du terminal, qui doit accueillir ses premiers passagers à l’été 2025. On y retrouvera neuf portes d’embarquement. La capacité du complexe sera de 4 millions de passagers. Il ne faut pas s’attendre à un volume annuel dès le début des activités.

Le trafic passager augmentera avec le temps », affirme, dans un entretien téléphonique.

Michael Deluce, chef de la direction de Porter

La desserte du terminal sera principalement canadienne et régionale. Porter assurera des liaisons vers les principales grandes villes canadiennes, tandis que Pascan Aviation se concentrera sur les marchés régionaux. Les promoteurs prévoient accueillir d’autres transporteurs avec les années.

Puisque c’est Montréal-Trudeau qui détient une clause d’exclusivité pour les vols transfrontaliers et internationaux, M. Cory estime que la BIC ne vient pas faciliter l’arrivée d’un rival en finançant l’expansion de l’Aéroport métropolitain de Montréal.

« Les Canadiens ont besoin de multiples options de connectivité pour se déplacer et nous savons que nos infrastructures de transport étaient déjà sous pression avant la COVID-19, dit-il. Regardez à Toronto, Billy-Bishop, au centre-ville, fonctionne très bien avec Pearson. »

Vide à combler

M. Deluce affirme que le rôle de la BIC était essentiel pour boucler le montage financier. Le secteur privé n’est pas enclin à assumer, à lui seul, les risques d’un projet aménagé sur un site vierge (greenfield). Le profil de risque de l’aérogare changera lorsqu’elle sera inaugurée, affirme M. Deluce.

Le virage de l’Aéroport métropolitain de Montréal vers l’aviation commerciale soulève beaucoup de questions dans les environs de l’aéroport, où des citoyens craignent des répercussions négatives sur le climat sonore et l’environnement. Par exemple, le Comité antipollution des avions – Longueuil (CAPA-L) n’est pas convaincu de l’étude réalisée par la firme Stantec pour l’aéroport qui avance que l’arrivée d’avions commerciaux entraînerait une réduction de l’impact sonore d’environ 20 %. À l’instar de la Coalition Halte-Air Saint-Hubert, le CAPA-L réclame un moratoire sur le développement de l’aéroport afin que l’on puisse prendre le temps d’analyser les retombées « économiques, sanitaires et climatiques ».

En abordant lui-même la question du niveau de décibels, M. Deluce assure que les avions monocouloirs dérangeront moins que les aéronefs utilisés par les écoles de pilotage dans les environs de l’aéroport.

« Ce type de trafic survole les communautés à basse altitude et est bruyant, affirme-t-il. Les vols commerciaux s’effectuent avec des avions plus silencieux à la fine pointe de la technologie. Ils effectuent des approches et décollent très rapidement. »

La nouvelle aérogare sera située à l’angle du boulevard Clairevue et de la route de l’Aéroport. M. Deluce affirme que le chantier respecte l’échéancier prévu. L’aménagement des fondations du terminal va bon train. Les poutres qui doivent supporter le bâtiment sont en train d’être installées.

Lisez « Un impact sonore réduit, selon un rapport »

Aéroport métropolitain de Montréal

  • Ouverture : 1er novembre 1927
  • Gestionnaire principal : DASH-L (Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil)
  • Président et directeur général : Yanic Roy
  • L’Agence spatiale canadienne y a construit son siège social en 1991, avant de s’installer officiellement deux ans après, faisant de l’aéroport un pôle d’innovation.
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  • 130
    Nombre de chambres que l’on retrouvera dans l’hôtel qui sera construit à proximité du terminal
    source : Aéroport métropolitain de montréal