Les escapades à l’international et vers les destinations soleil sont toujours prisées par les consommateurs, mais Transat A.T. constate qu’ils commencent à être plus attentifs aux aubaines parce que le ralentissement économique accentue la pression sur les dépenses discrétionnaires.

« Clairement, les gens cherchent à obtenir le meilleur rapport qualité-prix possible, affirme la présidente et cheffe de la direction du spécialiste du voyage d’agrément, Annick Guérard. Nous avons observé un ralentissement de la croissance des prix par rapport à l’an dernier et nous croyons que cette tendance se poursuivra en 2024 en raison du contexte économique et des taux d’intérêt élevés. »

La société mère d’Air Transat a terminé son année financière sur une bonne note en affichant jeudi un profit net au terme du quatrième trimestre ayant pris fin le 31 octobre dernier. Il s’agit d’un deuxième trimestre consécutif où l’entreprise québécoise engrange des profits. La menace d’une grève des agents de bord a aussi été écartée.

Mme Guérard anticipe une forme de retour à la normale en 2024 en matière de croissance des prix après une année où le phénomène du « tourisme de revanche » – un retour en force des voyageurs après l’interruption pandémique – a continué de se matérialiser.

Cela s’observe sur la croissance des revenus par passager-mille, qui ralentit à 2,4 % en vue de la saison hivernale. À l’occasion de la publication des résultats du troisième trimestre, le rendement de cet indicateur était en hausse de 7 %, rappelle l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale. De leur côté, les coefficients d’occupation affichent un recul de 1,3 point de pourcentage par rapport à ceux de l’exercice 2023.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Annick Guérard est présidente et cheffe de la direction de Transat.

« En considérant que nous comptons accroître notre capacité de 19 % l’an prochain, c’est un excellent résultat », a souligné Mme Guérard, en conférence téléphonique avec les analystes financiers.

Il y a également davantage de concurrence sur le créneau des destinations soleil. La firme Cirium, qui comptabilise des données dans l’industrie aérienne, prévoit que la capacité du marché canadien augmentera de 19 % dans ce créneau en vue du temps des Fêtes.

Des transporteurs à bas coûts, comme Flair Airlines, passent à l’offensive.

« Ça risque d’être difficile pour eux de gagner des parts de marché », croit la dirigeante de Transat.

Notre avantage, c’est que nous pouvons offrir des forfaits tout inclus, ce qu’ils n’ont pas. C’est ce que les consommateurs recherchent.

Annick Guérard, présidente et cheffe de la direction de Transat.

L’analyste de la Financière Banque Nationale est plus prudent.

« Si les revenus passager-mille [de Transat] demeurent positifs, il y a eu un glissement que nous attribuons à une concurrence plus féroce vers les destinations soleil », écrit M. Doerksen, dans une note.

Une épine en moins

Outre le revenu disponible des consommateurs, Transat a identifié quelques « vents de face » qui pourraient ralentir son redressement en 2024. Il y en a un qui s’est cependant dissipé à l’occasion de la présentation des résultats du quatrième trimestre : une possible grève de quelque 2100 agents de bord basés à Montréal et Toronto.

Une entente de principe est intervenue entre la compagnie et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). L’accord doit être présenté aux syndiqués dans les « prochains jours ». L’ampleur des augmentations salariales n’a donc pas été précisée. Cela n’aura pas d’impact sur la prévision de Transat, qui s’attend à voir la marge de son bénéfice d’exploitation ajusté osciller entre 7,5 % et 9 % l’an prochain, assure Mme Guérard.

La compagnie à l’étoile bleue sera cependant rattrapée par un problème d’usure prématurée qui touche les moteurs Pratt & Whitney que l’on retrouve sous les ailes de ses Airbus A321LR. À travers le monde, le même problème touche bon nombre de transporteurs.

Trois des 15 exemplaires A321LR exploités par Transat sont actuellement cloués au sol en raison des inspections que le constructeur de moteurs doit réaliser.

D’ici la fin de l’exercice 2024, jusqu’à six appareils pourraient être hors service pour cette raison.

Le spécialiste du voyage d’agrément a néanmoins un plan de contingence. Il recevra quatre nouveaux A321LR entre avril et juin. Il a aussi prolongé les contrats de location de certains appareils, se tourne vers des moteurs de rechange et évalue des options de location à court terme.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec Pratt & Whitney sur tous les aspects du dossier, y compris en ce qui a trait à une compensation financière », souligne Mme Guérard.

Par ailleurs, dans le cadre d’un effort pour réduire sa dette, Transat a conclu une entente pour vendre sa participation de 50 % dans Marival Armony Luxury Resort, au Mexique, à son copropriétaire, le groupe Marival. Le prix de vente est d’environ 21 millions.

Malgré un profit trimestriel, l’action de Transat a terminé la séance en recul, jeudi à la Bourse de Toronto. Le titre a clôturé à 3,62 $, en baisse de 11 cents, ou 3 %.

Transat en bref

Année de fondation : 1987

Siège social : Montréal

Présidente et cheffe de la direction : Annick Guérard

Effectif : 5000 personnes

Secteurs d’activité : Transport aérien, distribution au détail, voyages expéditifs et services à destination

En savoir plus
  • 1,6 milliard
    Dette nette de Transat en date du 31 octobre dernier
    Source : Transat A.T.
    435,6 millions
    Somme en trésorerie et équivalents de trésorerie à laquelle Transat avait accès au 31 octobre dernier
    Source : Transat A.T.