(New York) La chaîne américaine d’hypermarchés Walmart a légèrement relevé ses prévisions pour l’ensemble de l’année dans un contexte macroéconomique incertain, après un troisième trimestre conforme aux attentes marqué notamment par un bond du commerce électronique aux États-Unis.

Le patron Doug McMillon a souligné dans un communiqué publié jeudi que la chaîne avait constaté une « forte » progression des ventes dans tous les segments, se disant « enthousiaste » face à l’approche des fêtes de fin d’année, qui commencent dès le 23 novembre par le très traditionnel rendez-vous des familles américaines de l’Action de grâce.

« Les niveaux de prix aux États-Unis de nombreux produits alimentaires continuent d’être inquiétants. Le coût de nos produits reste supérieur à l’an dernier et même sur deux ans. Cela met nos clients sous pression », a-t-il constaté lors d’une conférence avec des analystes.

« Nous voyons que nos clients font toujours preuve de prudence dans leurs arbitrages entre ce qu’ils peuvent se permettre d’acheter et ce dont ils ont besoin », a-t-il expliqué.

L’inflation a ralenti aux États-Unis en octobre, après plusieurs mois de rebond estival, pour s’établir à 3,2 % sur un an. Mais les prix de l’alimentation sont restés en hausse, de même que les logements, les assurances auto ou encore les soins de santé.

« Les craintes que la fréquentation de Walmart ne se réduise à mesure du repli de l’inflation ne se sont pas concrétisées, car les Américains restent sous pression financièrement et cherchent à tirer un maximum de leurs dollars. Beaucoup se sont rendus chez Walmart », a commenté Neil Saunders, directeur chez GlobalData, dans une note.

« Bonne situation »

Le chiffre d’affaires de Walmart a progressé de 5,2 % au troisième trimestre de son exercice décalé 2024 à 160,80 milliards et son bénéfice net a atteint 453 millions, après une perte de 1,80 milliard un an plus tôt due à un accord en justice lié à la crise des opioïdes.

Rapporté par action et hors éléments exceptionnels – référence pour les marchés –, le bénéfice net ressort à 1,53 $. Le consensus de FactSet anticipait 1,52 $.

Walmart a de nouveau relevé ses prévisions à données comparables pour cet exercice.

Il escompte notamment une croissance du chiffre d’affaires annuel d’environ 5 % à 5,5 % (4 % à 4,5 % auparavant) et un bénéfice net par action de 6,40 à 6,48 $ (6,36 à 6,46 $ auparavant). Ce dernier s’établit à 4,85 $ pour les neuf mois écoulés.

En dépit de ces annonces, l’action Walmart a perdu plus de 8 % à 156,05 $US jeudi à la Bourse de New York pour, après avoir atteint un plus haut historique la veille. Les marchés se montrant déçus des prévisions.

Mais le directeur financier John Rainey a expliqué aux analystes que cette « prudence légèrement plus marquée qu’il y a trois mois » s’expliquait par des « ventes inégales » depuis mi-octobre.

« Nous sommes réconfortés par une hausse de la fréquentation et par des gains de parts de marché, qui devraient se poursuivre », a-t-il ajouté, s’attendant à une « normalisation de l’inflation dans l’épicerie par rapport aux niveaux historiques ».

Aux États-Unis, les ventes de Walmart ont progressé de 4,4 % à 109,4 milliards avec un bond du commerce électronique de 24 % tiré par le ramassage (environ 4600 magasins) et les livraisons (environ 4200 magasins) qui avaient déjà bien gonflé au deuxième trimestre.

Son activité a été tirée par l’épicerie et les rayons santé et bien-être, tandis que les produits généraux ont « décliné modestement ».

À l’international, la progression des ventes atteint 2,7 % à 28 milliards, grâce à une bonne performance au Mexique et en Chine. Le commerce électronique (-3 %) a pâti d’une contre-performance en Inde, mais s’est bien tenu ailleurs, se propageant de manière importante dans certains pays.

Mais le passage fin octobre de l’ouragan Otis dans la région d’Acapulco a affecté 28 supermarchés, dont la moitié seulement ont rouvert depuis, a fait savoir M. Rainey.

Le groupe a profité d’un effet de changes positif de 1,4 milliard.

Son enseigne de demi-gros Sam’s Club a vu ses ventes progresser de 2,8 % à 22 milliards, tirées par les produits alimentaires, les biens de consommation et les produits de santé.

Walmart compte environ 10 500 magasins dans 19 pays et emploie environ 2,1 millions de personnes.