Les destinées de deux institutions de la poutine sont maintenant réunies. Les propriétaires des 23 restaurants Ashton étendent leur mainmise sur le plat préféré des noctambules à plus de 250 kilomètres à l’ouest en achetant la célèbre Banquise, lieu prisé autant par les fêtards que par les touristes qui viennent y dévorer des frites nappées de sauce brune et de fromage en grains.

Émily Adam et Jean-Christophe Lirette, copropriétaires des 23 succursales Ashton depuis 2022, peinaient encore à croire qu’ils venaient de prendre les rênes de l’institution de la rue Rachel, lorsqu’ils ont accordé une entrevue à La Presse en visioconférence, lundi après-midi. Pour reprendre les mots de Mme Adam, c’est La Banquise qui les a « choisis », pour que l’endroit puisse continuer à satisfaire l’estomac des amateurs de poutine alors que le restaurant était l’objet de convoitise de nombreux acheteurs potentiels.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

De gauche à Droite : Jean-Christophe Lirette et Émily Adam, copropriétaires d’Ashton, ainsi qu’Annie Barsalou et Marc Latendresse, copropriétaires de La Banquise

À la tête du restaurant familial qui existe depuis 55 ans, Annie Barsalou et Marc Latendresse, désireux d’entreprendre de nouveaux projets, ont approché en mai le couple d’entrepreneurs âgés de 34 ans, que l’on pourrait qualifier d’experts de la poutine de la grande région de Québec.

C’était une occasion qu’on ne pouvait pas laisser passer. Ça arrive juste une fois dans une vie.

Jean-Christophe Lirette, copropriétaire d’Ashton

Le duo reconnaît avoir toujours été à l’affût de ce qui se passait du côté de La Banquise. « La Banquise, c’est l’institution montréalaise, c’est un fleuron. »

Au moment de l’acquisition d’Ashton, dont les restaurants se trouvent essentiellement dans la grande région de Québec, les deux propriétaires n’avaient pas fermé la porte à l’idée de s’implanter dans le marché montréalais. L’achat du célèbre restaurant situé sur le Plateau Mont-Royal semble être le véhicule qu’ils ont choisi pour faire leur chemin jusque dans la métropole.

La Banquise ne deviendra pas un Ashton

Avis aux fidèles clients de l’institution : le goût de votre poutine demeurera le même. La Banquise ne changera pas d’identité pour se métamorphoser en Ashton, promettent les nouveaux propriétaires. Les amateurs de La Royale, de La Taquise ou encore de La Couvre-Feu pourront continuer à en commander.

« La recette gagnante, ils l’ont, lance M. Lirette. Nous, on arrive, on observe. On s’assure que La Banquise va rester La Banquise avec la même équipe de gestion. »

Alors qu’il décrit la poutine servie dans le restaurant montréalais comme étant « décadente », celle préparée chez Ashton est qualifiée de plus classique. « Ashton, quand on a acheté, on nous disait de ne pas toucher aux bons vieux classiques. Alors que La Banquise, on a plus l’impression d’être dans l’innovation. »

« Chacune des institutions a vraiment sa propre marque de commerce, gérée de façon différente », ajoute Émily Adam. La centaine d’employés de La Banquise a appris la nouvelle lundi en fin de journée. Tous conserveront leur emploi.

« Nous nous sommes reconnus en Émily et Jean-Christophe, de jeunes entrepreneurs dynamiques et passionnés comme nous à nos débuts quand nous avons repris le restaurant fondé par mon père », a déclaré l’ancienne copropriétaire de La Banquise, Annie Barsalou, dans un communiqué publié ce mardi.

Leur vision et leur façon de faire les choses nous a rassurés sur le fait que La Banquise restera La Banquise. Cela nous permet de tirer notre révérence l’esprit en paix et en sachant que la pérennité de ce restaurant auquel nous sommes si attachés est assurée.

Annie Barsalou, copropriétaire de La Banquise

Pour le moment, le couple originaire de Saint-Raymond, à quelque 50 kilomètres de Québec, n’envisage pas d’ouvrir une deuxième succursale de La Banquise dans la Capitale nationale. Et il n’y a pas de projet pour l’arrivée d’Ashton, sa Galvaude et son sandwich au rosbif dans la métropole. Dans les années 1980, l’ancien propriétaire, Ashton Leblond, a tenté de percer le marché montréalais avec l’ouverture d’un restaurant sur l’avenue du Mont-Royal et d’un autre à Laval. L’expérience n’a toutefois pas été concluante.

Chose certaine, en matière de frites, le couple est loin d’être néophyte. En plus d’Ashton, Émily Adam et Jean-Christophe Lirette sont copropriétaires de Ti-Oui, populaire casse-croûte situé à Saint-Raymond.

« La poutine, on commence à connaître ça un peu », lance Émily Adam en riant, ajoutant dans la foulée que son conjoint et elle en mangent toutes les semaines. « On est des vrais fans. On fait beaucoup de tests culinaires… on s’entraîne aussi ! »

Ashton en bref

Fondation : 1969

Siège social : Québec

Nombre d’employés : 650

Nombre de restaurants : 23

Propriétaires : Émily Adam et Jean-Christophe Lirette

La Banquise en bref

Ouverture : 1968

Fondateur : Pierre Barsalou

Nombre d’employés : 100