La construction de l’usine de vaccins à ARN messager de Moderna, à Laval, va bon train, et la direction locale a commencé à pourvoir les 75 postes qui devront avoir été comblés quand l’usine entrera en production en 2025.

L’usine, qui produira en premier lieu des vaccins contre la COVID-19, introduira au Canada une technologie innovante et beaucoup plus souple que celle des vaccins traditionnels, a rappelé le directeur de l’usine et vice-président des opérations, Roger-Ketcha Ngassam, qui arrive de chez Pharmascience, à Montréal, après avoir travaillé en Europe chez Novartis. Cette plateforme polyvalente permettra de produire d’autres vaccins contre diverses maladies respiratoires, que Moderna entend lancer dans les prochaines années.

Cette nouvelle technologie pose des défis : « Dans les faits, il n’y a pas grand monde aujourd’hui qui est spécialiste au niveau de l’ARN messager », explique M. Ngassam, un Montréalais qui a fait Polytechnique en génie chimique avant de faire l’EMBA McGill-HEC Montréal. « On va former les gens. »

Dix-huit postes de haut niveau sont déjà affichés en ligne et, sans surprise, Moderna cherche surtout des ingénieurs expérimentés et des scientifiques ayant une formation universitaire en chimie, en microbiologie ou en biologie.

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Moderna veut créer « un écosystème » de compétences dans la région montréalaise, à partir de gens ayant une bonne formation scientifique ou technique, mais « qui n’ont pas d’emblée une connaissance très approfondie de l’ARN », dit le directeur de l’usine, Roger-Ketcha Ngassam.

Mais peut-on travailler dans une usine de Moderna sans une très haute formation scientifique ?

« Le seuil, c’est le niveau collégial technique, répond M. Ngassam. On est en discussion avec des cégeps qui donnent de la formation en pharmaceutique. C’est le niveau qu’on cible pour certains postes, notamment en production. »

Il n’a pas voulu nommer les cégeps sollicités, mais au Québec, le programme de production pharmaceutique est offert par les cégeps Gérald-Godin et John-Abbott. Plusieurs autres cégeps offrent des programmes dans des domaines connexes.

« Évidemment, selon les secteurs, on va chercher des bacheliers ou des détenteurs de maîtrise en sciences », qui, eux aussi, devront être formés, dit-il. « Même chose au niveau des techniciens de labo. »

Il s’agit de créer « un écosystème » de compétences dans la région montréalaise, à partir de gens ayant une bonne formation scientifique ou technique, mais « qui n’ont pas d’emblée une connaissance très approfondie de l’ARN », dit M. Ngassam.

« Advenant une pandémie, on pense qu’on doublerait nos effectifs à 150 environ. »

Si une pandémie frappait, l’usine pourrait produire jusqu’à 100 millions de vaccins par année, mais la production normale sera beaucoup moindre, quelques millions par année.

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Une visite récente au chantier a permis de constater que la coquille du bâtiment de 100 000 pieds carrés est très avancée. Moderna vise 2025 pour l’entrée en production.

Le nouveau directeur général de Moderna Canada, Stefan Raos, n’a pas voulu chiffrer la production visée. « L’an dernier, à l’automne, il s’est administré au Canada environ 7 millions de doses contre la COVID-19. Environ 90 % étaient des vaccins ARNm Moderna ou Pfizer. Cette année, ce sera un peu plus. Ça vous donne une idée », dit M. Raos.

Par contre, en tenant compte d’autres vaccins visant des maladies respiratoires actuellement en développement chez Moderna, la production normale (non pandémique) pourrait atteindre 30 millions de doses par année, a fait savoir lundi M. Raos.

Une visite récente au chantier a permis de constater que la coquille du bâtiment de 100 000 pieds carrés est très avancée. L’année 2024 sera consacrée à l’installation du matériel et à l’homologation de l’usine et de ses procédés auprès de Santé Canada, dit M. Ngassam. Moderna vise 2025 pour l’entrée en production.

Fabrication au Québec, finition en Ontario

L’usine Moderna de Laval ne produira que l’ingrédient actif de ses vaccins. La préparation et la mise en flacons se fera à Cambridge, en Ontario, chez Novocol Pharma, une filiale de la française Septodont.

Patricia Gauthier change de poste

Patricia Gauthier, qui a été le visage de Moderna au Canada durant la pandémie et qui a établi l’entreprise au pays à partir de rien, a quitté la direction générale de la filiale canadienne. Elle se rapportera au siège social, où elle sera responsable de la commercialisation mondiale des vaccins contre les maladies rares et les virus latents. Elle est remplacée par le Montréalais Stefan Raos.