(Ottawa) Le fabricant de vêtements Zara Canada s’ajoute à une liste croissante d’entreprises soupçonnées d’avoir recours au travail forcé des Ouïghours dans le Xinjiang.

L’Ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (OCRE) a annoncé lundi le déclenchement d’une enquête sur la chaîne d’approvisionnement de la compagnie de vêtements mondialement connue.

Elle est soupçonnée d’avoir une relation commerciale avec trois sociétés chinoises qui auraient recours au travail forcé des Ouïghours ou qui en auraient tiré profit, lit-on dans le rapport de l’OCRE.

Les 28 organisations de la société civile qui ont déposé la plainte se fient sur les désignations de l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) et du Helena Kennedy Centre for International Justice (HKCIJ).

Elles allèguent que le recours au travail forcé des Ouïghours par Zara, par l’intermédiaire de ses fournisseurs, « a commencé avant le 1er mai 2019 et se poursuit ».

Une huitième enquête

Il s’agit de la huitième investigation de l’ombudsman Sherry Meyerhoffer portant sur l’utilisation des fruits du travail forcé de Ouïghours dans les opérations d’entreprises canadiennes.

Parmi eux se trouvent les compagnies Ralph Lauren Canada, Nike Canada, Walmart Canada, Levi Strauss & Co. Canada, ainsi que la minière Dynasty Gold Corp.

Plusieurs démentent les allégations ; c’est le cas de Zara Canada, dont le manque de coopération est souligné à gros traits dans le rapport de l’OCRE.

Zara Canada conteste

L’entreprise « soutient que la plainte est frivole ou vexatoire parce qu’elle est non fondée dans les faits et qu’elle ne fournit pas suffisamment de renseignements factuels », y explique-t-on.

Elle conteste aussi la compétence de l’OCRE, plaidant que « les entités chinoises ne sont pas des “activités à l’étranger” de Zara Canada ».

Et selon la compagnie, « l’information pertinente sera probablement considérablement limitée compte tenu de la difficulté de mener une enquête dans le pays ».

Lumière doit être faite, selon l’ombudsman

L’OCRE convient de « la difficulté d’obtenir des informations du Xinjiang », mais argue qu’une recherche « à l’aide d’experts » sera effectuée, et que Zara Canada aura voix au chapitre.

Car si la compagnie a nié entretenir des relations commerciales avec quelque usine que ce soit dans la région, la déclaration « est directement contredite par les conclusions de l’ASPI », souligne l’ombudsman.

L’entreprise n’avait pas réagi à l’annonce du déclenchement d’une enquête au moment de publier ces lignes, lundi midi.

Créé en 2019, l’ombudsman ne dispose pas de pouvoirs pour discipliner les compagnies qui ferment les yeux, intentionnellement ou pas, sur les pratiques du travail forcé.

L’agence peut fermer le robinet de l’aide fédérale, mais elle ne peut pas imposer d’amendes.