(New York) Un tribunal fédéral de Boston, dans le nord-est des États-Unis, a débuté mardi l’examen du projet de fusion entre Spirit et JetBlue pour former la cinquième plus grosse compagnie aérienne américaine, auquel s’opposent les autorités réglementaires au nom de la concurrence.

Selon des documents de justice, les auditions ont commencé devant le juge William Young et devraient durer jusqu’au 5 décembre. Ce procès fait suite à la plainte déposée en mars par le département américain de la Justice.

« Nous avons hâte de présenter nos arguments devant le tribunal ces prochaines semaines, car nous pensons fortement que notre union avec Spirit est la meilleure opportunité pour secouer l’industrie », a commenté mardi Robin Hayes, patron de JetBlue, lors d’une audioconférence avec des analystes consacrée aux résultats du troisième trimestre.

Selon lui, ce rapprochement « accroîtrait la concurrence et le choix, en créant un tant attendu rival national à bas coût face aux dominants “Big Four” », à savoir American, United, Delta, Southwest.

Au vu du calendrier établi par le juge, « en cas d’issue positive, nous resterons en piste pour une finalisation de la transaction comme prévu au premier semestre 2024 », a-t-il ajouté.  

Les deux compagnies à bas coûts ont dévoilé leur projet fin juillet 2022 après plusieurs mois de rebondissements et de surenchères entre JetBlue et sa concurrente Frontier pour mettre la main sur Spirit. C’est finalement JetBlue qui l’a emporté, avec une offre à 3,8 milliards de dollars.

Concurrence

La nouvelle entité se placerait derrière le « Big Four » en nombre de sièges proposés. Selon les chiffres fournis par les deux partenaires à l’époque, elle détiendrait 9 % de parts du marché américain.

Mais le département de la Justice estime que le nouveau groupe entraînerait une hausse du tarif moyen et réduirait l’offre proposée aux passagers.

Il avait déjà visé JetBlue en 2021 concernant un accord de partenariat conclu l’année précédente avec American sur les lignes partant et à destination de Boston et New York.

La compagnie à bas coûts a renoncé à ce partenariat début juillet, après une décision de justice en sa défaveur, préférant se concentrer sur sa fusion avec Spirit plutôt que faire appel.

JetBlue s’est notamment engagé à payer des frais de résiliation de 70 millions de dollars à Spirit et de 400 millions de dollars aux actionnaires de Spirit si les régulateurs mettaient leur veto à l’opération.

Ted Christie, patron de Spirit, avait relevé auprès d’analystes la semaine dernière que les « oligarques dominants avaient surpassé le reste de l’industrie » au troisième trimestre.

« Ce n’est pas un accident. Lorsque vous contrôlez autant de capacités, c’est très difficile d’être concurrentiel surtout avec la diversité de leurs revenus, la force de leurs programmes de fidélité », etc., avait-il argué.

« Nous pensons que la meilleure réponse pour la concurrence consiste à créer une cinquième alternative », avait-il défendu.

Sa compagnie a réalisé une perte nette de 157,6 millions au troisième trimestre, pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliard (-6,3 %).  

JetBlue a annoncé mardi une perte nette de 153 millions de dollars sur la même période, avec un repli de 8,2 % de son chiffre d’affaires à 2,35 milliards.

Vers 15 h 30 (heure de l’Est), son action chutait de 12 % à la Bourse de New York après des perspectives sombres pour le quatrième trimestre et l’ensemble de l’année, qui devraient également terminer en perte. Celle de Spirit tombait de 12,25 %.