Le constructeur d’autocars augmentera sa production de 50 % dans les six prochains mois, pour dépasser son rythme prépandémique.

L’entreprise de Sainte-Claire a annoncé qu’elle porterait sa production à trois véhicules par jour en 2023, soit un de plus que son rythme quotidien actuel.

Un premier coup d’accélérateur se produira en février, avec l’ajout d’un demi-véhicule par jour. Un second effort de même ampleur surviendra en mai.

Avec ces accélérations, Prevost excédera même sa vitesse de croisière prépandémique, qui se fixait à 2,5 véhicules par jour au début de 2020.

La côte surprise

« On s’attendait à une reprise, parce qu’on savait qu’il y avait une demande latente », commente François Tremblay, président de Prevost. « Mais surpasser notre performance pré-COVID, ça, ça a été une surprise ! »

Le carnet de commandes occupe la production des 12 prochains mois « et on parle déjà de contrats pour 2024 », souligne-t-il. « On n’a pas vu ça. Même avant la COVID, on était souvent dans une fenêtre de cinq à sept mois. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François Tremblay, président de Prevost

Le constructeur québécois remonte une longue pente depuis l’abîme du printemps 2020. « Quand on a rouvert l’usine en juin 2020, on était à 0,5 véhicule par jour. On avait perdu 80 % de notre production. »

En septembre dernier, Prevost avait déjà accru sa production d’un demi-autocar par jour pour la porter à deux véhicules quotidiens.

Deux facteurs clés

Deux facteurs clés expliquent ce redémarrage en trombe.

« Premièrement, on voit que nos gros clients, qui n’avaient pas acheté depuis les deux dernières années et demie, recommencent à commander de nouveaux véhicules », informe François Tremblay. « Alors que durant la crise c’était à coups d’un ou deux véhicules, c’est maintenant dans les deux chiffres. »

Il donne l’exemple du transporteur canadien Pacific Western, qui a récemment passé commande de 24 autocars pour honorer un nouveau contrat de transport d’employés pour une société pétrolière.

Par ailleurs, « énormément de clients de la concurrence nous approchent », poursuit-il.

Durant la crise, son entreprise a pris soin de maintenir son service… et ses prix. En ne sabrant pas le prix de ses véhicules neufs, Prevost permettait à ses clients de maintenir la valeur de leurs actifs roulants.

« Nos concurrents n’ont pas choisi la même approche, et beaucoup de leurs clients viennent nous voir pour travailler avec nous à l’avenir. »

L’aura de la marque

Prevost emploie actuellement 1600 personnes. À raison de 70 personnes supplémentaires pour chaque demi-véhicule de plus en production, quelque 140 nouveaux employés devront être recrutés au cours des six prochains mois.

Il faudra les attirer à Sainte-Claire, petite municipalité située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Québec – une perspective qui ne semble pas inquiéter François Tremblay outre mesure.

Quand on fait une nouvelle période de recrutement, on est toujours agréablement surpris du nombre de personnes qui postulent. Pour notre augmentation de février prochain, on est déjà rendus à 90 % de notre objectif.

François Tremblay, président de Prevost

Prevost a encore beaucoup d’attrait auprès de la main-d’œuvre, soutient-il. Ce qui n’a pas empêché l’entreprise de faire valoir ses charmes dans les médias numériques et sociaux.

« On sait maintenant ce qui fonctionne bien pour rejoindre et attirer les gens. On a développé des vidéos de recrutement pour montrer qui on est auprès des jeunes. Quand ils voient qu’on fait le transport de groupes de musique, qu’il y a plein de célébrités qui ont nos maisons motorisées, que le président américain a deux autocars Prevost, ça augmente l’aura de la marque. »

Les femmes montent à bord

Pour l’accroissement de production de septembre dernier, une centaine de nouveaux employés s’étaient ajoutés sur la chaîne d’assemblage, dont une vingtaine de femmes.

Sur la soixantaine de personnes déjà engagées pour la surproduction de février 2023, 16 % sont des femmes, une part nettement supérieure aux années précédentes, relève l’entreprise.

François Tremblay voit d’ailleurs dans l’apport féminin une partie de la solution au problème de main-d’œuvre en milieu manufacturier. « On a changé nos façons de recruter pour attirer plus de femmes », souligne-t-il.

Pas de ralentissement en vue

Un éventuel ralentissement économique ne met pas de frein à l’enthousiasme de Prevost.

« On a regardé ça de tous les côtés. On va surfer sur la vague », indique son président.

Tous les segments de marché – transport interurbain, maisons motorisées, autocars de tournée – sont en croissance, constate-t-il.

« Tu veux une maison motorisée Prevost neuve, c’est à peu près deux ans d’attente. C’est du jamais vu. Tout ça fait que même s’il y a un ralentissement, on anticipe que ça n’aura pas beaucoup d’impact sur notre industrie, et en plus, chez Prevost, on accroît nos parts de marché. »

Destination croissance.