Innergex a songé à s’associer à Hydro-Québec pour réaliser la plus grande acquisition de l’histoire de la société d’État, mais la bouchée était trop grosse pour l’entreprise de Longueuil, qui a décidé de passer son tour.

Hydro-Québec a annoncé, en octobre dernier, l’acquisition de la société Great River Hydro, qui est propriétaire de 13 centrales hydroélectriques du nord-est des États-Unis, pour 2 milliards US.

Innergex a eu des discussions avec la société d’État pour une potentielle participation à la transaction, a révélé son président et chef de la direction, Michel Letellier, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats financiers de l’entreprise.

Le financement d’une partie de l’acquisition aurait représenté un investissement « pas mal gros » pour Innergex à un moment où les conditions de financement sont plus difficiles, a-t-il expliqué.

Nous avons travaillé avec Hydro-Québec dans les premiers jours des négociations, mais nous avons décidé, d’un commun accord, que cet actif était trop gros pour nous.

Michel Letellier, président et chef de la direction d'Innergex

Le grand patron du producteur d’énergie québécois a aussi dit que le contrat d’exportation à long terme d’Hydro-Québec conclu avec l’État de New York rendait difficile la recherche d’un accord sur l’établissement de la valeur de l’électricité produite à Great River Hydro.

Même si Innergex a choisi de ne pas participer à la transaction, M. Letellier estime qu’il s’agit d’une bonne transaction. « Nous sommes très heureux pour eux. Je crois qu’ils ont payé un bon prix, un prix élevé, mais je pense qu’ils considèrent cet actif comme un investissement à long terme. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE GREAT RIVER HYDRO

La centrale Vernon de Great River Hydro située sur le rivière Connecticut, entre le Vermont et le New Hampshire

À Hydro-Québec, on confirme qu’il y a eu des discussions entre la société d’État et Innergex, qui avaient annoncé la conclusion d’une « alliance stratégique » au début de l’année 2020. « L’entente [l’acquisition de Great River] présentait davantage de valeur pour Hydro-Québec que pour Innergex, explique une porte-parole d’Hydro-Québec, Caroline Des Rosiers. Innergex a donc choisi de ne pas participer à cette acquisition. L’Alliance stratégique est toujours à l’affût d’autres opportunités qui seraient avantageuses pour les deux parties impliquées. »

La société d’État n’a pas échangé avec d’autres partenaires potentiels dans le cadre de la transaction, répond Mme Des Rosiers.

Hydro-Québec et Innergex avaient conclu une première acquisition commune en octobre de l’an dernier. Les deux partenaires avaient acheté le complexe Curtis Palmer, qui contenait deux centrales hydroélectriques dans l’État de New York, pour 310 millions US.

Pour financer la transaction, Innergex avait émis pour l’équivalent de 175 millions en titres et avait réalisé un placement privé de 43,5 millions auprès d’Hydro-Québec. Les conditions du marché étaient différentes l’an dernier. La valeur de l’action d’Innergex était près de 35 % plus élevée et les taux d’intérêt étaient plus bas.

Un grand potentiel au Québec

Il reste encore beaucoup d’occasions d’affaires qui pourraient aboutir entre Hydro-Québec et Innergex, croit toutefois M. Letellier.

Hydro-Québec anticipe que la demande québécoise d’électricité augmentera de 25 térawattheures (TWh), soit 14 %, de 2022 à 2032, selon une mise à jour de son plan d’approvisionnement 2022-2032 publiée au début du mois de novembre.

Si vous illustrez ça en énergie éolienne, à un taux d’utilisation de 40 %, vous auriez besoin de nouvelles installations de 7000 mégawatts pour combler cette demande. Je pense que le Québec sera un marché très attrayant pour nous.

Michel Letellier, président et chef de la direction d'Innergex

L’entreprise se prépare en vue de profiter de cette manne, ajoute le grand patron d’Innergex.

« Nous avons des discussions avec des propriétaires de terrains et d’autres parties prenantes afin d’étendre nos activités au Québec. »

De bons prix pour l’électricité

Malgré une production sous la moyenne, Innergex a dévoilé, la veille, des résultats supérieurs aux attentes grâce à des prix de vente plus élevés au troisième trimestre. La production au cours de la période de trois mois terminée à la fin de septembre s’est établie à 91 % de la production moyenne à long terme (PMLT). La réduction de la production des centrales hydroélectriques en Colombie-Britannique, en raison du temps sec, et les vents moins favorables en France expliquent en partie cette réduction, précise Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux. L’analyste souligne que le bénéfice ajusté proportionnel avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) à 215 millions dépassait « largement » sa prévision de 189 millions et la prévision moyenne de ses collègues à 197 millions. « Les prix plus élevés pour l’hydroélectricité et l’éolien expliquent, en grande partie, l’écart. Ça fait plus que compenser la plus faible production. »

La Presse Canadienne