(Ottawa ) L’avenir de la langue française au pays est grandement lié à la prospérité des entreprises francophones qui brassent des affaires en milieu minoritaire.

Ces entreprises jouent un rôle de premier plan dans l’intégration des immigrants francophones qui s’installent en région et dans la mise sur pied de services de garde de la petite enfance, avance Jean-Guy Bigeau, le président et directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDÉE Canada).

Considéré comme le « bras économique » des communautés francophones en milieu minoritaire, le RDÉE Canada, qui existe depuis 25 ans, tiendra un sommet national à Ottawa mercredi et jeudi. L’objectif est de faire l’état des lieux, après deux ans de pandémie, et d’établir une feuille de route nationale pour la prochaine décennie afin de permettre aux entreprises francophones de consolider leurs acquis et de rayonner davantage.

En tout, on dénombre quelque 430 000 entreprises francophones situées en milieu minoritaire – une masse critique qui représente près de 20 % du PIB et génère plus de 130 milliards de dollars en retombées économiques à l’extérieur du Québec. Résultat : les communautés francophones veulent être un pilier de la relance économique.

« Des entreprises francophones qui assurent des services en français à leurs clients, cela vient assurer la pérennité de la langue française dans les communautés francophones en milieu minoritaire », a certifié M. Bigeau dans une entrevue à La Presse.

Il a ajouté que le gouvernement du Québec, et le gouvernement fédéral, qui s’inquiètent du déclin du français au pays, doivent ainsi voir les entreprises francophones comme des alliés.

« Absolument ! Dans différents domaines comme l’immigration, le tourisme et même le dossier de la petite enfance, nous sommes très impliqués à travers le pays. L’immigration francophone, et assurer l’intégration économique des nouveaux arrivants dans nos communautés en leur offrant des emplois, assure une présence francophone continue », a-t-il analysé.

M. Bigeau estime toutefois essentiel que le gouvernement fédéral, quand il fait la promotion du tourisme à l’étranger, le fasse systématiquement dans les deux langues officielles.

« Nous avons beaucoup d’entreprises touristiques qui offrent des services en français dans plusieurs régions du pays ».

M. Bigeau se réjouit de voir que le gouvernement du Québec soit l’un des partenaires pour organiser le sommet, en plus des sociétés telles que le CN, Air Canada, Power Corporation, Groupe Aecon, TACT et le gouvernement du Canada.

Durant le sommet, qui réunira quelque 175 participants, une étude exhaustive menée au cours des derniers sur les besoins en matière de main-d’œuvre des entreprises sera d’ailleurs dévoilée durant le sommet.

« Comme c’est le cas dans l’ensemble du pays, un des gros enjeux est la pénurie de la main-d’œuvre. Les entreprises ont de la difficulté à embaucher et à retenir la main-d’œuvre qualifiée pour combler leurs besoins. Mais il y a aussi l’accès au capital. C’est aussi un enjeu de taille pour les entreprises. On va aborder ces enjeux durant le sommet », a indiqué M. Bigeau.

La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, s’adressera aux participants durant le sommet, tout comme le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge. L’ancien ministre québécois de la Culture et de la Protection de la langue française, Luc Fortin, agira comme maître de cérémonie.