La filière québécoise des batteries accroît sa présence chez General Motors (GM), qui investit dans Recyclage Lithion, notamment afin d’accélérer l’implantation du procédé de cette jeune pousse chez ses fournisseurs de batteries lithium-ion.

Ce partenariat annoncé jeudi s’inscrit dans les nombreux efforts déployés en Amérique du Nord par l’industrie automobile afin de réduire sa dépendance à la Chine en matière d’approvisionnement de minéraux critiques comme le lithium et le graphite, essentiels à la fabrication des batteries.

L’entente, dont les détails financiers n’ont pas été dévoilés, pourrait permettre à Recyclage Lithion, qui souhaite que sa première usine de récupération de batteries pour véhicules électrique voie le jour l’an prochain, d’accélérer son développement.

« Quand GM dit à ses fournisseurs : “Je veux du matériel recyclé, vous allez tester les produits de Lithion parce que l’on considère que cette technologie est prometteuse”, on a un poids différent auprès de ces fournisseurs », résume Benoit Couture, président et chef de la direction de l’entreprise québécoise, en entrevue téléphonique.

Établie dans l’arrondissement montréalais d’Anjou, la société fondée en 2018 estime que son processus technologique permet de récupérer jusqu’à 95 % des composants de batteries, qui pourront ensuite être réutilisés par les fabricants.

L’investissement de GM, réalisé par l’entremise de son bras d’investissement GM Ventures, vient conclure une ronde de financement de 125 millions pour Recyclage Lithion. Investissement Québec (IQ) avait offert une subvention de 7,5 millions en plus d’injecter 15 millions dans la compagnie en avril dernier pour prendre une participation qui avait été chiffrée à 20 % en conférence de presse. L’entreprise a indiqué jeudi que ce chiffre était erroné, sans fournir de mise à jour. Les autres actionnaires sont IMM Investments, de la Corée du Sud, ainsi que Fondaction.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Couture est président et chef de la direction de Recyclage Lithion.

En ce qui a trait au deuxième volet du partenariat, il concerne la recherche et le développement visant à assurer la « recyclabilité » des batteries.

« C’est pour éventuellement influencer, au moment de la conception, les batteries de l’avenir et les éléments qui pourraient aider à améliorer les performances au chapitre du recyclage, dit M. Couture. Ce que l’on souhaite, c’est de réutiliser les matériaux à l’infini. »

Maillon essentiel

Dans la filière batterie, le gouvernement québécois désire des projets à toutes les phases de développement, de la mine à la batterie. Dans l’immédiat, Lithion est l’unique acteur connu du créneau du recyclage au Québec.

Le recyclage est un maillon essentiel de la chaîne visant à réduire l’empreinte environnementale de la fabrication de batteries lithium-ion. Un rapport publié plus tôt ce mois-ci par l’organisme Clean Energy Canada a souligné que les procédés mis au point par des entreprises locales devaient être épaulés par de grandes multinationales afin d’accélérer les avancées du créneau de la récupération.

Pour GM, il s’agit d’un deuxième investissement en seulement quelques mois au Québec. En mars dernier, le constructeur automobile avait présenté un projet, en partenariat avec le géant sud-coréen Posco Chemical, d’usine de fabrication de matériaux de cathodes – le principal élément de la batterie lithium-ion d’un véhicule électrique.

Ce projet verra le jour dans le parc industriel de Bécancour, l’endroit privilégié par Québec pour développer la filière batterie. La première phase est estimée à au moins un demi-milliard de dollars.

Du côté de Lithion, l’emplacement du site qui accueillera la première usine commerciale de récupération n’a toujours pas été dévoilé. L’usine sera construite dans la grande région métropolitaine. Elle devrait pouvoir traiter 7500 tonnes de batteries par année, soit l’équivalent de 25 000 véhicules électriques, afin d’extraire un concentré chimique de poudre noire.

L’entreprise table aussi sur une seconde installation, un projet estimé à 300 millions. Il s’agit d’une usine d’hydrométallurgie. Le site doit raffiner la poudre noire afin d’en extraire le graphite, le nickel, le lithium, le cobalt et le manganèse, que l’on trouve dans les batteries.

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  • 40 personnes
    Effectif de Recyclage Lithion. Il doit doubler d’ici six mois environ.
    recyclage Lithion