Les usines de BRP mettront les bouchées doubles pour combler le retard de production imputable à la cyberattaque survenue le mois dernier, où des secrets industriels ont aussi été dérobés. Cela n’empêche toutefois pas l’entreprise de relever ses prévisions alors que les consommateurs continuent de s’arracher ses motoneiges, motomarines et autres produits récréatifs.

À l’occasion de la présentation des résultats du deuxième trimestre, mercredi, la haute direction de la multinationale québécoise a minimisé les conséquences des six journées de perturbations survenues dans ses 11 usines. Il n’en reste pas moins que l’équivalent de « une à deux semaines » de production a été perdu. Le rattrapage s’échelonnera jusqu’au quatrième trimestre de l’exercice qui prend fin le 31 janvier prochain.

« Nous n’anticipons pas d’impacts sur nos prévisions, puisque nous allons récupérer une partie de la production perdue en travaillant les fins de semaine ainsi qu’avec des heures supplémentaires », a expliqué le chef de la direction financière, Sébastien Martel, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes.

La multinationale de Valcourt n’a pas chiffré l’impact financier associé à ce rattrapage. Éblouis par les solides résultats financiers, les analystes ont posé peu de questions à propos de la cyberattaque. Le président et chef de la direction de BRP, José Boisjoli, n’était pas disponible pour accorder des entrevues, et il n’a pas été possible de parler à un représentant de l’entreprise – comme c’est le cas depuis l’annonce de la cyberattaque, qui a été détectée le 8 août dernier.

Peu de détails supplémentaires ont été offerts par MM. Boisjoili et Martel. L’enquête est toujours en cours. L’entreprise derrière les Ski-Doo, Sea-Doo et CanAm a présenté une réclamation à son assureur.

Un rançongiciel avait permis à des cyberpirates de dérober quelque 30 gigaoctets de données diffusées sur le web caché (dark web). La Presse avait pu constater que des informations personnelles de cadres de l’entreprise ainsi que des secrets industriels avaient été dérobées. Pendant des semaines, les concessionnaires avaient aussi été incapables d’utiliser le portail informatique qui leur permet de commander des pièces et de planifier des livraisons de véhicules récréatifs à leurs clients. La situation rentre progressivement dans l’ordre.

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« On peut commander des pièces depuis environ deux semaines », explique Luc Marchand, président de Claude Ste-Marie Sports, en banlieue sud de Montréal. « C’est progressif. Là où c’est difficile, c’est avec les pièces manquantes. J’ai encore des motomarines que je ne peux pas vendre. Je n’ai pas reçu beaucoup de motoneiges. »

Plus d’argent dans les coffres

Malgré la montée des taux d’intérêt et les craintes de ralentissement économique – des éléments qui peuvent affecter les dépenses des ménages consacrées aux véhicules récréatifs –, BRP n’entrevoit pas d’essoufflement de la demande pour le moment.

Les précommandes de motoneiges sont à des niveaux « extrêmement élevés », selon M. Boisjoli. Il observe aussi des améliorations dans la chaîne d’approvisionnement, notamment du côté des semi-conducteurs – composantes que l’on retrouve dans des puces électroniques essentielles au fonctionnement de certains modules.

Les délais de livraison se raccourcissent, et les prix des matières premières fléchissent. Cela devrait permettre à BRP d’accroître ses livraisons chez les concessionnaires, où les stocks sont insuffisants pour répondre à la demande. Au deuxième trimestre, les ventes au détail ont plongé de 16 % en Amérique du Nord. M. Boisjoli a tempéré ce déclin en révélant que la croissance était supérieure à 20 % au trimestre en cours.

« Cela ne reflète pas une baisse de la demande des consommateurs, mais une offre limitée de produits », a-t-il dit, à propos des ventes enregistrées par les concessionnaires au deuxième trimestre.

Dans le contexte, BRP anticipe que la croissance de son chiffre d’affaires pour l’exercice financier oscille entre 26 et 31 %, comparativement à sa fourchette précédente allant de 24 à 29 %. Le profit ajusté par action devrait varier entre 11,30 $ et 11,65 $, comparativement à la prévision antérieure allant de 11,00 $ à 11,35 $.

Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, ne s’inquiète pas outre mesure des répercussions d’une éventuelle récession sur les activités de BRP.

« Nous croyons que la société est bien positionnée pour faire face à une diminution de la demande, écrit l’analyste dans une note. Nous considérons que l’évaluation actuelle de l’action reflète déjà la probabilité d’une récession. »

Sur le parquet de Bay Street, mercredi, le titre de BRP a avancé de 8,11 $, ou 9,1 %, pour clôturer à 97,60 $.

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  • 20 000
    Il s’agit de l’effectif de BRP à travers le monde.
    Source : brp