(Montréal) Les turbulences boursières et économiques pourraient faire émerger des cibles d’acquisition à un prix attrayant pour le spécialiste du camionnage TFI International, croit son président et chef de la direction, Alain Bédard.

Pour le grand patron de la société montréalaise, le spectre d’une récession semblait davantage une source d’occasions que d’inquiétude tandis qu’il répondait aux questions des analystes financiers dans le cadre d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du deuxième trimestre.

« Si une récession survient, j’aime ça en ce qui concerne les fusions-acquisitions, parce que ça ajuste les évaluations [des actions] à un contexte de récession, souligne-t-il. Depuis avril, la plupart des entreprises de camionnage ont perdu de 10 % à 20 % [en Bourse] parce qu’il y a une perception qu’on s’en va en récession. »

M. Bédard a dit qu’il serait « impossible » de conclure une acquisition d’envergure cette année, mais que la porte était assurément ouverte pour 2023. « Je crois que 2023 est le bon moment pour nous. Les cibles que nous avons sont toujours intéressantes. Voyons ce que 2022 sera et nous serons prêts pour une acquisition de taille. »

La dernière acquisition d’envergure pour TFI remonte à 2021. Il s’agit d’une ancienne division de United Parcel Service (UPS), renommée TForce Freight, acquise pour 800 millions US. M. Bédard a souligné que des gains de productivité ont été faits depuis l’acquisition, mais qu’il restait « encore beaucoup à faire », notamment pour rendre les voyagements plus efficaces et renouveler le parc de véhicules.

En attendant, TFI veut racheter un plus grand nombre de ses propres actions. De manière générale, une société rachète ses actions lorsqu’elle estime que le prix du titre est sous-évalué et qu’elle juge qu’il s’agit de la meilleure utilisation de son capital par rapport aux investissements, aux acquisitions ou à une augmentation du dividende. En diminuant le nombre d’actions en circulation, le bénéfice est réparti parmi un nombre réduit d’actions.

« Nous croyons que notre action est toujours abordable, a dit le dirigeant. Peut-être pas sur un horizon de six mois, si nous traversons une récession, mais à long terme si vous regardez les cinq prochaines années. »

TFI avait obtenu l’autorisation de racheter 7 millions d’actions jusqu’au 1er novembre. Elle en a déjà racheté 4,4 millions en date du 30 juin dernier. L’entreprise demandera à la Bourse de Toronto de faire passer le maximum admissible de 7 millions à 8,8 millions.

Pas encore de récession

Malgré les inquiétudes économiques, les activités continuent d’aller rondement pour l’entreprise.

Beaucoup de gens parlent d’une contraction de l’industrie du fret ou d’une récession, mais quand je regarde, même pour le mois de juillet, nous continuons de rouler à plein régime.

Alain Bédard, président et chef de la direction de TFI International

Il a affirmé que l’économie canadienne se portait bien, notamment grâce à la vigueur des prix du pétrole qui soutiennent l’économie dans les provinces de l’Ouest. « Nous savons que cette tempête arrivera un jour. Si une récession se pointe, nous sommes prêts. »

La publication des résultats survient à un moment où les risques d’une récession provoquée par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt soulèvent des craintes dans plusieurs industries. Jeudi, le gouvernement américain a dévoilé que le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis avait décliné au deuxième trimestre, la deuxième baisse consécutive.

Cette donnée avive le débat sur l’état de l’économie américaine. Une séquence de deux trimestres de décroissance consécutifs signifie qu’il y a une récession, mais les indicateurs de l’emploi n’évoquent pas une période de contraction économique.

Résultats supérieurs aux attentes

Le dirigeant a fait ces commentaires dans la foulée de résultats supérieurs aux attentes des analystes tandis que la demande demeure forte.

Le bénéfice net de la société, à 276,8 millions US, est inférieur aux 411,8 millions US affichés l’an dernier, mais il comprenait un gain de 283,6 millions US lié à une acquisition. Les revenus, pour leur part, augmentent de 32 % pour s’établir à 2,42 milliards US.

Le bénéfice net ajusté dilué par action atteint 2,61 $ US, ce qui représente une augmentation de 76 % comparativement à 1,44 $ US l’an dernier.

Les analystes anticipaient un bénéfice par action de 1,69 $ US, selon Refinitiv.

L’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, a qualifié les résultats d’« impressionnants ». « Nous recommandons que les investisseurs regardent l’action avec un œil nouveau et l’achètent, particulièrement quand on tient compte de ce que nous croyons être une contre-performance injustifiée. »

L’action s’appréciait de 6,58 $, ou 5,42 %, à 127,90 $ à la fin de la séance de la Bourse de Toronto.