Bell Média a gâché le Grand Prix de plusieurs clients de son site Shopico. La plateforme d’achat au rabais leur a vendu des billets non valides pour la course de Formule 1. Refusés à l’entrée du circuit Gilles-Villeneuve, ils ont dû attendre près de trois semaines avant d’obtenir une promesse de remboursement… et ils attendent toujours des explications.

Dès le mois de février, Christian Lacroix a payé 400 $ plus taxes pour deux billets sur Shopico.ca. Le site appartient à Bell Média, tout comme le Groupe de course Octane, promoteur du Grand Prix du Canada, qui s’est déroulé les 17, 18 et 19 juin.

Reçus par courriel, les « chèques-cadeaux » n’indiquaient curieusement aucune place assise pour lui et son associé, qui devait l’accompagner.

« La première journée en matinée, on a vu que nos billets étaient refusés. Après avoir insisté, la personne nous a laissés passer, raconte-t-il. Mais lorsqu’on est arrivés aux gradins, les officiels qui contrôlaient les billets ne les reconnaissaient pas. Ils disaient : “Regardez, vous n’avez pas de place. Je ne comprends pas qu’on vous ait laissés passer.” »

Christian Lacroix rencontre alors d’autres personnes munies des mêmes titres achetés sur Shopico. Comme lui, elles ne peuvent pas accéder aux gradins. « Les officiels nous ont dit : “On ne reconnaît pas ces billets-là. Ce n’est pas nous, les vendeurs.” »

PHOTO TIRÉE DE LINKEDIN

Christian Lacroix

Il contacte alors Shopico pour exposer le pépin, mais n’obtient aucune réponse. « On a soulevé le problème par courriel, par téléphone, par messages vocaux… il n’y avait pas de réponse. »

En après-midi, Christian Lacroix reçoit un courriel de Florence Lamothe, « coordonnatrice des ventes » chez Bell Média.

« Le Grand Prix Formule 1 débute aujourd’hui ! écrit-elle. Nous avons appris, par la bande de nombreux clients, que les codes QR des chèques-cadeaux Shopico ne fonctionnaient pas. »

Elle affirme que les responsables du Grand Prix — des employés d’une autre filiale de Bell Média – « sont au courant de la situation ».

« Pour ceux et celles ayant fait l’achat de chèques-cadeaux sur Shopico et [qui] n’auraient pas reçu leur billet par courriel ; veuillez noter que votre demande a déjà été transféré[e] aux personnels de cet évènement. Nous vous reviendrons rapidement sur vos billets non récupérés dès que nous aurons une réponse détaillée de la part de Formule 1. »

Silence radio

Près de trois semaines plus tard pourtant, Christian Lacroix n’avait toujours pas de nouvelles des deux filiales de Bell Média… jusqu’à ce que La Presse pose des questions à l’entreprise jeudi.

Le chef des relations publiques Patrick Tremblay convient que la réponse de la société n’a pas été adéquate. Il assure que la direction a l’intention de rembourser les billets.

« Le fait qu’on se soit parlé ce matin fait en sorte que dès qu’on raccroche, moi je relance tout ce monde-là, dit-il. Je vais leur demander s’il y a moyen de faire un suivi avec le monsieur. On va s’occuper de ça rapidement. »

Selon ses informations, au moins quatre autres personnes ont eu le même problème que Christian Lacroix et son associé.

Patrick Tremblay est toutefois incapable d’expliquer pourquoi une filiale de Bell Média n’a pas reconnu des billets émis par une autre de ses divisions. Ni la raison pour laquelle rien n’a été fait pour permettre aux clients d’accéder au site du Grand Prix.

« Il y a une personne clé là-dedans qui est en vacances et qui revient lundi, dit-il. Ça va se régler la semaine prochaine, cette confusion-là. »

« Trop peu, trop tard », dit Christian Lacroix, qui envisage de se plaindre à l’Office de protection du consommateur. « Ils m’ont contacté, confirme-t-il. Je suis en train de détailler la nature des coûts du week-end. »

Entre le coût des billets, les déplacements, les restaurants, le vendredi de travail perdu en vain et tout le temps gaspillé, il estime à plus de 2000 $ les dommages que son associé et lui ont subis.