Fondée il y a 66 ans par deux ingénieurs spécialisés en mécanique et en électricité, la firme Bouthillette Parizeau et Associés a élargi ses champs d’activité au bâtiment il y a cinq ans et ambitionne maintenant de devenir l’acteur le plus important dans ce marché de niche au Canada. La firme de génie s’est récemment adjoint la Caisse de dépôt et placement comme partenaire pour atteindre cet objectif d’ici cinq ans.

Méconnue du grand public parce qu’elle œuvre à l’ombre des grandes sociétés d’ingénierie multidisciplinaires comme SNC-Lavalin ou WSP, Bouthillette Parizeau et Associés (BPA) compte pas moins de 600 spécialistes répartis dans ses bureaux de Montréal, Laval, Longueuil, Québec, Lévis, Gatineau, Ottawa et Edmonton.

« On est un joueur de niche parce qu’on est spécialisé en génie mécanique et électrique, mais on a décidé il y a cinq ans de couvrir toutes les activités dans le bâtiment, ce qui inclut les structures, l’acoustique et même les services alimentaires », explique Dominic Latour, PDG de la firme qui regroupe 270 spécialistes dans ses bureaux de l’avenue de l’Esplanade, dans le nord de Montréal.

BPA a entrepris ses activités en 1956 et a été associée à de grandes réalisations, comme en témoigne un mur où sont affichées les photos de projets de construction pour lesquels elle a assumé les travaux de génie mécanique et électrique, que ce soit le pavillon du Québec d’Expo 67, le Complexe Desjardins, le Centre Bell, la Tour des Canadiens ou le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

« C’est vraiment avec la construction du Complexe Desjardins au milieu des années 1970 que Bouthillette Parizeau a acquis sa renommée. Quand tu réalises de grands et beaux projets, tu attires des compétences, c’est comme ça que tu progresses », souligne l’ingénieur-PDG.

C’est toutefois en 2010 que le groupe a enregistré sa première grosse période de pointe en étant associé à quatre projets majeurs en simultané : la construction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), du CHUM, de l’hôpital Sainte-Justine et de l’Hôpital général juif de Montréal.

« Les travaux de mécanique et d’électrique — la ventilation, le chauffage, la climatisation, la tuyauterie et l’électricité – représentent 45 % des coûts d’un hôpital et 35 % d’une école. Nous, on fait la conception des plans et devis et on assure la surveillance des travaux.

« On s’intègre à l’architecture et on doit s’assurer que la mécanique n’interfère pas dans le design d’un immeuble. Tous les grands donneurs d’ouvrage nous connaissent », précise Dominic Latour.

Expansion pancanadienne

Plus important acteur du génie mécanique et électrique au Québec, BPA a entrepris son expansion pancanadienne en réalisant une première fusion avec la firme Clark Engineering d’Edmonton, l’an dernier.

« C’est une firme de niche qui comptait une dizaine d’ingénieurs. En un an, on est déjà rendus à 20 ingénieurs et on compte poursuivre notre croissance en réalisant des acquisitions dans l’Ouest canadien, en Ontario et dans les Maritimes », expose le PDG de BPA.

Parallèlement à cette expansion géographique, BPA a développé depuis cinq ans les activités de génie de structure afin d’offrir une offre intégrée de services à ses clients.

« La structure, c’est comme l’ossature d’un immeuble, alors que la mécanique — le chauffage, la climatisation et la ventilation —, c’est le cœur et les poumons, et l’électricité, c’est tout le système nerveux », explique l’ingénieur.

On est dans tous les projets de nouveaux hôpitaux, que ce soit l’hôpital Le Gardeur, l’Institut de cardiologie, l’Enfant-Jésus de Québec. On est aussi impliqués dans les grands projets immobiliers comme la Tour des Canadiens ou Humaniti. On a fait la rénovation du Biodôme et celle de la Tour du Stade.

Dominic Latour

Il y a trois semaines, la Caisse de dépôt a annoncé qu’elle avait pris une participation au capital de Bouthillette Parizeau, mais le PDG de BPA insiste pour dire qu’il est allé chercher davantage un partenaire qu’un soutien financier.

« On n’avait pas besoin d’argent, mais on voulait un partenaire stratégique avec nous. On est des ingénieurs, pas des financiers. On voulait des financiers autour de la table, au conseil d’administration, pour nous épauler dans notre volonté de réaliser des acquisitions et poursuivre notre expansion », explique le PDG.

BPA a déjà ciblé une trentaine de firmes de génie canadiennes qui pourraient s’intégrer à son groupe et a eu des discussions avec quatre ou cinq d’entre elles.

« La Caisse va nous appuyer et nous conseiller pour faire les meilleurs choix, ceux qui vont générer le plus de synergie avec nos activités existantes. C’est un moyen qu’on se donne pour réaliser notre plan stratégique », expose Dominic Latour.

L’ambition du groupe est de devenir la référence dans le secteur du bâtiment au Canada. BPA estime être en mesure de réaliser cet objectif d’ici cinq ans et de porter à 1000 le nombre de ses spécialistes au pays.

« On est très bien positionné dans le secteur de l’électrification des transports et dans la construction des centres de données, mais il faut voir plus loin. Présentement, nos affaires vont très bien, mais dans cinq ans, est-ce qu’on va encore construire au même rythme au Québec ? Il faut être prêt », résume Dominc Latour.