La relance de Nemaska Lithium — projet névralgique de la filière batterie — coûtera plus cher avec un projet de mine et d’usine de transformation qui atteindra au moins 1,5 milliard. Québec et son partenaire Livent réinjectent chacun 80 millions et continueront à délier les cordons de leur bourse.

Cette nouvelle contribution, qui sera annoncée ce jeudi, fait passer à 175 millions l’argent investi par l’État québécois depuis qu’il détient la moitié de l’entreprise autrefois insolvable. Le gouvernement Legault prévoyait débourser jusqu’à 300 millions afin que Nemaska Lithium puisse renaître de ses cendres. Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, est prêt à aller plus loin.

« On va recevoir l’étude de faisabilité finale en novembre ou en décembre, explique-t-il en entrevue téléphonique. Est-ce qu’on va injecter plus que 300 millions au total ? Peut-être. Les projets risqués, il ne faut pas avoir trop de dettes. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation

Depuis mai dernier, Livent, fournisseur de lithium transformé pour Tesla et BMW, détient l’autre moitié de Nemaska Lithium. L’entreprise américaine avait mis la main sur la participation de la firme londonienne Pallinghurst.

La plus récente ronde de financement servira à compléter les études et les travaux préparatoires à la construction. Dans le parc industriel de Bécancour, Nemaska Lithium souhaite produire de l’hydroxyde de lithium — qui entre dans la fabrication des batteries lithium-ion pour véhicules électriques — en transformant le lithium extrait de la mine de Whabouchi, à environ 300 kilomètres de la Baie-James.

La facture précédente du chantier était estimée à 1,2 milliard.

Au milieu de la décennie

On vise 2025 pour la mise en service de l’usine, dont la production annuelle serait de 32 300 tonnes d’hydroxyde de lithium, et de la mine. À terme, 410 personnes devraient travailler dans l’usine ainsi qu’à la mine.

Avec l’arrivée attendue d’acteurs comme BASF et POSCO à Bécancour dans la production de matériaux de batteries, il y a de la pression pour relancer Nemaska Lithium, dit M. Fitzgibbon. Sans l’usine de l’entreprise, le lithium qui serait extrait du sous-sol québécois serait exporté pour être transformé ailleurs.

GM/POSCO et BASF parlent déjà à Nemaska. C’est sûr que les fabricants de cathodes veulent une source d’approvisionnement fiable. Ils veulent voir le financement et le projet avancer.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation

Nemaska Lithium s’était retrouvée sous les projecteurs à la suite d’une débâcle financière en raison d’une explosion des coûts. La facture du projet était passée de 875 millions à plus de 1,2 milliard. L’entreprise avait été contrainte de se placer à l’abri de ses créanciers. Québec, qui avait participé au montage financier initial, avait perdu 71 millions dans l’aventure.

En juin 2021, les actionnaires de la société avaient décidé de tourner le dos à Shawinigan, où l’usine de transformation devait voir le jour, pour se tourner vers Bécancour, l’endroit privilégié pour développer la filière batterie. À l’époque, M. Fitzgibbon avait reconnu qu’il fallait recommencer le projet « à zéro ».

Selon le ministre, les prochaines contributions financières de Québec et de Livent sont attendues au printemps prochain. Lorsque l’étude de faisabilité sera terminée, l’équipe de direction chez Nemaska Lithium devrait se préciser. Pour le moment, la structure est un « bureau de projet », selon le ministre Fitzgibbon.

En savoir plus
  • 600 millions
    Propriétaires de Nemaska Lithium, Québec et Livent devraient injecter au moins 600 millions dans la relance de l’entreprise.
    source : GOUVERNEMENT DU QUÉBEC